Laboratoires pharmaceutiques : course au vaccin et aux profits17/06/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/06/P6_Vaccin_super_rentable_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C262%2C800%2C712_crop_detail.jpg

Leur société

Laboratoires pharmaceutiques : course au vaccin et aux profits

Le trust pharmaceutique AstraZeneca vient d’annoncer la signature d’un accord avec l’Allemagne, la France, l’Italie et les Pays-Bas pour leur garantir de disposer de 400 millions de doses d’un vaccin contre le Covid-19 que le laboratoire développe avec les chercheurs de l’université d’Oxford et dont il annonce la commercialisation avant la fin de l’année.

Illustration - course au vaccin et aux profits

Le PDG d’AstraZeneca France ne dit pas un mot sur le montant du contrat mais il se félicite que le vaccin soit vendu à prix coûtant, deux euros la dose. C’est peu, dit-il, mais ce sera beaucoup puisque le marché mondial potentiel serait de trois milliards de doses, des négociations étant en cours avec les USA, la Grande-Bretagne, l’Inde, le Japon, le Brésil, la Chine, etc.

En fait aujourd’hui le vaccin n’est pas prêt, mais AstraZeneca entend bien faire financer son développement par les États donc par l’argent public, notamment les études cliniques et la mise en place des outils industriels nécessaires pour fabriquer ces millions de doses. Les États-Unis avaient déjà annoncé fin mai un versement d’un milliard de dollars à AstraZeneca pour financer le développement du vaccin. L’Union européenne avait également annoncé début juin qu’elle voulait participer à cette course au vaccin à hauteur de 2,4 milliards d’euros. Mais elle demandait un front uni de tous les pays pour éviter une compétition malsaine entre les États membres. Moins d’une semaine plus tard quatre d’entre eux, parmi les plus grands, en signant avec AstraZeneca ont montré ce qu’ils entendaient par solidarité européenne !

Faire financer ses recherches par l’argent public, cela ne date pas d’aujourd’hui, ne serait-ce que via le crédit impôt recherche, et cela ne concerne pas que les laboratoires pharmaceutiques. Et dans le domaine AstraZeneca n’est pas seul. Début mai, les laboratoires Sanofi ayant annoncé que les pays qui auraient payé le plus seraient servis les premiers, notamment les États-Unis, Macron, Merkel et autres avaient protesté en réclamant l’accès aux vaccins pour tous. Finalement ils se comportent de même en signant avec AstraZeneca pour être les premiers servis.

Sans remonter plus loin, au moment de la crise de la grippe A en 2010-2011, les États avaient déjà largement mis la main à la poche. En France 94 millions de doses d’un vaccin avaient été achetées au prix fort pour 869 millions d’euros aux laboratoires Sanofi-Pasteur, Novartis et Glaxo­SmithKline, la ministre de la santé de l’époque, Roselyne Bachelot, ayant promis qu’on vaccinerait toute la population. Finalement avec le recul de l’épidémie, six millions de personnes avaient été vaccinées, une partie de la commande, 50 millions de doses, avait été annulée et il avait fallu même détruire près de 19 millions de doses périmées. Au passage les laboratoires avaient osé réclamer et obtenu près de 50 millions d’euros d’indemnisation supplémentaires pour les commandes annulées. Toutes ces sommes ont rempli les coffres des trusts pharmaceutiques et vidé d’autant les caisses de la Sécurité sociale.

Aujourd’hui avec le Covid-19, AstraZeneca , Sanofi et tous les autres entendent procéder de la même manière. C’est aux États, donc aux contribuables de payer ; chose nouvelle quand même par rapport au virus de la grippe A, cette fois c’est avant même que le vaccin ne soit commercialisé. Et si celui-ci ne voit pas le jour comme annoncé à la fin de l’année, on peut être sûr qu’aucun État ne réclamera et n’obtiendra de la part des laboratoires des pénalités de retard. Mais l’objectif principal en période de crise n’est-il pas d’aider les trusts pharmaceutiques, et les autres, à maintenir leurs profits ?

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