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- Lutte ouvrière n°2707
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Dans le monde
Inde : la guerre contre le virus et celle contre les travailleurs
En Inde, la mauvaise gestion par le gouvernement Modi de la crise du Covid-19 continue, entraînant un grand nombre de morts parmi les travailleurs.
La levée progressive du confinement a entraîné une augmentation massive du nombre de cas – de 25 000 le 1er mai à 343 000 le 16 juin, avec 9 900 décès officiels. Le pays ne disposant pas de capacités de dépistage et de diagnostic suffisantes, ces chiffres sont grossièrement sous-estimés.
La contagion est particulièrement virulente dans les grandes villes. À New Delhi, les hôpitaux sont débordés ; ce sont traditionnellement les familles qui s’occupent des patients, mais l’accès leur est désormais interdit. Des trains, des salles de mariage et des hôtels doivent être transformés en hôpitaux de fortune.
La progression de l’épidémie s’explique notamment par l’exode de 20 millions de travailleurs migrants des centres industriels et commerciaux urbains qui, sans emploi et n’ayant pas les moyens de payer le loyer et la nourriture, sont rentrés dans leurs villages. Les travailleurs ont dit qu’ils préféraient à la famine dans les villes, la « sécurité », fût-elle celle d’une disette au village où au moins ils seraient avec leur famille.
Des « trains de main-d’œuvre » spéciaux ont finalement été affrétés par le gouvernement, mais ceux-ci sont devenus des pièges mortels. Les travailleurs ont dû attendre des heures dans des gares surpeuplées, en recevant peu de nourriture ou d’eau, tandis que les températures ont grimpé à plus de 45 degrés dans certaines régions du pays. En seulement 19 jours, 80 travailleurs sont morts dans ces trains.
Cependant, la majorité des travailleurs reviennent à pied, pour nombre d’entre eux en longeant des voies ferrées. Mais c’est tout aussi dangereux. Le 8 mai, dans l’État du Maharashtra, seize travailleurs migrants de la sidérurgie, épuisés d’avoir parcouru plus de 25 km dans la chaleur, se sont endormis sur les rails et ont été heurtés par un train de marchandises. Cela s’ajoute aux 383 travailleurs décédés pendant le confinement, en raison de suicides, de violences policières et de la faim. La classe ouvrière paie déjà un prix intolérable pour cette crise, avant même que la crise économique à venir ne commence à frapper.
Article traduit du mensuel Workers’ Fight (juin 2020), publié par le groupe trotskyste britannique du même nom (UCI).