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- Lutte ouvrière n°2706
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Editorial
Des États-Unis au monde entier : à bas le racisme et les violences policières !
L’onde de choc créée par le meurtre de George Floyd, il y a deux semaines à Minneapolis, continue de se propager au monde entier. Aux États-Unis, ces derniers jours, des centaines de milliers de personnes ont encore manifesté pour crier leur colère. Leur colère contre le meurtre raciste, de sang-froid, d’un homme à terre et menotté, qui dit qu’il ne peut plus respirer et va mourir. Leur colère contre ce sinistre écho de l’époque des lynchages et de la ségrégation, cette barbarie avec laquelle le capitalisme américain s’est construit. Comme cela a été dit lors d’un hommage, ce genou sur le cou de George Floyd, c’est celui qui écrase depuis longtemps les Noirs américains, aujourd’hui discriminés au travail, pour le logement, dans l’éducation et la santé, ainsi que l’a montré le lourd tribut qu’ils ont payé au coronavirus.
Quand Obama a été élu, certains ont dit que c’était la preuve que le pays avait soldé l’héritage de l’esclavage et de la ségrégation. On voit aujourd’hui que ce racisme gangrène toujours l’appareil d’État américain, de la base au sommet. Il le gangrène à la base, avec ces flics racistes, chargés de défendre la loi et la propriété bourgeoise, et pour laquelle la vie des pauvres, des Noirs en particulier, ne vaut pas cher. Il le gangrène avec ces juges, qui les emprisonnent massivement et, au sommet, avec des hommes comme Trump, qui a fait sa carrière politique en stigmatisant les Noirs.
L’explosion de colère de ces derniers jours est sans doute aussi alimentée par la crise terrible que traverse la classe ouvrière américaine, avec ses 41 millions de travailleurs licenciés, avec ces dizaines de millions de personnes qui font la queue à l’aide alimentaire, tandis que Wall Street a retrouvé sa santé d’avant l’épidémie.
L’extension des manifestations au monde entier, de Buenos Aires à Sydney, de Jérusalem à Montréal, de Nairobi à Tokyo, résulte du fait que, partout, le racisme est présent. Partout, les violences s’abattent sur ceux qui, aux yeux des policiers, n’ont pas la bonne couleur de peau, la bonne nationalité et qui ont en outre, comme George Floyd, le tort d’être pauvres.
En France, des dizaines de milliers de personnes, des jeunes notamment, ont manifesté, malgré les interdictions. Le ministre Castaner s’en est offusqué, expliquant que la France est différente des États-Unis, et qu’ici la police n’est pas raciste. «Des violences policières en France, cela n’existe pas, c’est un mensonge», a renchéri le président du parti Les Républicains, tandis que le Rassemblement national appelait à la répression des manifestations par la police. Quel touchant consensus contre ces jeunes qui crient leur rejet du racisme !
La réalité, c’est que la police tue ici aussi, comme le sait la famille d’Adama Traoré, qui se bat depuis des années pour faire la vérité sur son décès aux mains des gendarmes. La réalité, c’est que la police est gangrénée par le racisme ici aussi, comme l’illustrent de nombreux épisodes récents. Il y a un mois, deux policiers marseillais ont été condamnés à des peines de prison pour avoir passé à tabac un jeune Afghan sur un parking ; après s’être défoulé, un des deux policiers avait dit à l’autre : «Ça fait du bien !» À L’Ile-Saint-Denis, fin avril, des policiers ont tabassé un Égyptien qu’ils avaient sorti de la Seine. «Un bicot comme ça, ça nage pas», avait glissé l’un. Il y a quelques jours, un groupe Facebook de milliers de policiers débordait de propos orduriers.
Oui, la police est tout à la fois traversée par le racisme et violente, en particulier contre les immigrés et les plus pauvres. Partout, l’État défend un système fondé sur l’exploitation et les inégalités sociales. Cela nécessite l’usage de la force et de la violence, et pour cela l’État s’appuie sur la police. Le rôle des forces de répression est de défendre la propriété privée de l’économie et le sacro-saint profit, et de veiller à ce que les opprimés subissent l’oppression sans se révolter.
Synonyme d’oppression, le capitalisme charrie avec lui tous ces préjugés qui opposent les prolétaires à d’autres prolétaires : le racisme, le nationalisme, la xénophobie et le sexisme. Ne pouvant régner qu’à condition de diviser, il dresse les pauvres contre d’autres pauvres. Partout, à Minneapolis comme ailleurs, les États capitalistes ont besoin d’hommes de main qui entretiennent ces divisions.
Alors, il faut espérer que le combat engagé ces jours derniers contre le racisme et les violences de la police se poursuive, qu’il s’amplifie et qu’il s’attaque à la racine du mal, au capitalisme lui-même.
Bulletins d’entreprise du 9 juin 2020