Assureurs : leur métier n’est pas la charité15/04/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/04/P9_Marx_tombe_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C113%2C596%2C448_crop_detail.jpg

La société en crise

Assureurs : leur métier n’est pas la charité

Avec le confinement, des dizaines de milliers de petites entreprises ou de petits commerces sont pris à la gorge et sont menacés de faillite. Ce sont parfois des petits propriétaires, travaillant aux côtés d’un ou deux salariés, voire seuls dans leur entreprise. Ce sont aussi des autoentrepreneurs qui se retrouvent depuis des semaines sans travail, et sans la possibilité de toucher les indemnités chômage.

Illustration - leur métier n’est pas la charité

Les compagnies d’assurances ont été sollicitées pour compenser une partie des pertes. Mais elles refusent, arguant que les pertes ne sont pas dues à des dommages matériels, mais à un arrêt d’activité lié à un motif ignoré jusqu’à présent des assureurs : les situations de pandémie.

« Si les assureurs devaient couvrir ces pertes évaluées entre 50 et 80 milliards d’euros, il n’y aurait plus d’assureurs-dommages », a déclaré Jean-Laurent Granier, vice-président de la Fédération française de l’assurance (FFA) et PDG de Generali France. Le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire n’a, quant à lui, pas manqué d’assurance en déclarant que « les assureurs ont déjà fait beaucoup d’efforts ». Les sociétés d’assurances ont eu la générosité, par exemple, de ne pas résilier les contrats en cas de retard de paiement des cotisations. Elles ont honoré, c’est quand même la moindre des choses, les contrats sur les arrêts maladie ou les décès liés à l’épidémie. Au lendemain de l’intervention télévisée de Macron du 13 avril, de Perreti, le PDG d’AXA France, a annoncé que le secteur des assurances, tous groupes confondus, serait prêt à réunir un milliard pour aider les petites entreprises, avec l’appui et les apports de l’État. Pour les plus puissantes des sociétés d’assurances, comme AXA, Generali ou Allianz, ce milliard est une goutte d’eau. La seule filiale de gestion d’actifs financier d’AXA jonglait avec près de 800 milliards d’euros avant le choc économique ouvert par l’épidémie.

Bien sûr, le PDG d’AXA Thomas Buberl s’est vanté d’avoir acheté des dizaines de milliers de masques pour les soignants, mais dans le Journal du Dimanche, il annonçait qu’AXA ne renoncerait pas à distribuer des dividendes, au prétexte que le groupe d’assurances ne sollicite pas d’aides publiques. Ainsi, les actionnaires toucheront leur part des 6 milliards d’euros de bénéfices de l’exercice 2019 pendant que des petits patrons ayant assuré leur entreprise chez AXA n’auront que leurs yeux pour pleurer.

Le choc économique ouvert par l’épidémie de coronavirus risque d’être fatal à des dizaines de milliers de petits patrons ou de petits commerçants. Ils seront surtout victimes de l’économie de marché, d’un système qui transforme la société en une jungle dominée par les plus puissants des capitalistes de la finance et de l’industrie, notamment des banques et des assurances.

Partager