Les maires et l’emploi : des pouvoirs réduits19/02/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/02/2690.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Élections municipales

Les maires et l’emploi : des pouvoirs réduits

Bien des candidats à la mairie des grandes villes promettent d’être les champions de l’emploi dans leur commune. Mais ils ne peuvent y croire eux-mêmes.

Le pouvoir des maires en matière d’emploi n’a jamais été très grand. Si des exonérations d’impôts locaux pendant une période plus ou moins longue, la viabilisation ou la dépollution d’un terrain aux frais de la commune ont parfois été un argument pour attirer telle ou telle entreprise dans une zone industrielle, les patrons ont toujours fait ce qu’ils voulaient. Habitués à être servis, liés par mille liens aux élus des grandes villes, les patrons, surtout les gros, ont toujours pris les aides sans se sentir engagés par les promesses de création d’emplois.

Mais, au fil des réformes administratives, les maires ont perdu le peu de pouvoir qu’ils détenaient en la matière. Ainsi la loi dite NOTRe, votée en 2015, a transféré aux régions le schéma de développement économique, autrement dit les dispositifs d’aides aux entreprises, les plans d’investissement ou d’innovations. Dans le même temps, la gestion des déchets ou de l’eau, mais aussi, depuis 2014, les plans locaux d’urbanisme ou la gestion des zones d’activité ont été transférés aux communautés de communes.

Du point de vue de la bourgeoisie, petite ou grande, et des notables locaux qui défendent ses intérêts, ces changements dans la loi ont leur importance. Les budgets, les marchés et les liens à établir pour les emporter se décident et s’établissent à un niveau supérieur. Les grandes entreprises écartent les petites, et les politiciens élus à la région ou à l’intercommunalité écrasent les maires. C’est pourquoi un Gérard Collomb, actuel maire de Lyon, préfère concourir pour présider la métropole plutôt que la mairie.

Du point de vue des classes populaires, ces transferts de compétences ne changent pas grand-chose. Un maire ou un député n’ont jamais eu le pouvoir d’empêcher un patron de fermer ou de délocaliser son entreprise. Au mieux, quand il est proche des travailleurs, socialement et politiquement, un maire peut aider les salariés d’une entreprise à se mobiliser, à s’organiser en mettant les moyens municipaux, y compris juridiques, à leur disposition.

La seule façon d’empêcher les fermetures d’entreprises, d’imposer les créations d’emplois nécessaires, la construction de logements, d’infrastructures ou d’hôpitaux indispensables, sera que les travailleurs et la population se mobilisent, instaurent leur propre pouvoir et imposent leur contrôle sur la marche de l’État, de l’échelon local à l’échelon national.

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