Je travaille à Lille au sein du réseau Canopé, dont la fonction est d’éditer, de produire et de diffuser des ressources pédagogiques à destination des enseignants.

Le réseau représente nationalement 1 380 salariés, dont 80 % de fonctionnaires et 20 % de contractuels. Le 20 décembre, la direction a annoncé d’une part une cure d’austérité de 3,8 millions d’euros, sur un budget de 100 millions, soit l’équivalent de la suppression de 55 temps pleins ou 150 postes, et d’autre part le démantèlement du réseau national à l’horizon 2021 et son remplacement par des formations en ligne. Cette volonté de couper le réseau national, « le passage sous l’autorité des rectorats » comme ils disent, a été immédiatement ressenti par plusieurs d’entre nous comme une manœuvre de division. Pour mener la sale besogne, a été nommé celui-là même qui a mené l’attaque contre les salariés de l’Onisep l’an dernier, et que ces derniers ont pris coutume de surnommer « l’équarisseur ».

Depuis ces annonces, l’agence où je travaille s’est muée en un lieu où les discussions sont permanentes entre des collègues qui ne se connaissaient parfois pas, qui se découvrent et apprennent à se défendre ensemble. Chacun utilise son savoir-faire et son ingéniosité au service de la lutte : utilisation du chat professionnel pour s’organiser nationalement, mise en ligne d’une pétition, confection de banderoles, caricatures par les graphistes…

Jeudi 9 janvier, l’agence était fermée : nous étions tous en grève et nous avons joint notre colère à celle des autres salariés dans la rue. Mardi 14, le nouveau costkiller nommé a reçu un comité d’accueil mouvementé de la part des collègues de Poitiers.