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- Lutte ouvrière n°2685
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Dans les entreprises
Michelin – La Roche-sur-Yon : subventionné pour fermer l’usine
C’est en octobre 2019 que les patrons de Michelin ont annoncé leur décision de fermer l’usine de La Roche-sur-Yon, et de supprimer ainsi 619 emplois. Jeudi 9 janvier, un accord a été trouvé entre la direction du groupe et l’intersyndicale CFDT-SUD-CGC. Autant il peut satisfaire les actionnaires, autant il est loin de garantir un avenir aux licenciés.
La prime de départ supra-légale sera de 40 000 euros brut, auxquels s’ajouteront 500 euros par année d’ancienneté. Comme font les grandes entreprises, Michelin va mettre un (tout petit) peu la main à la poche pour faire mine d’aider les travailleurs mis dehors à se former, à se reclasser, voire à monter leur affaire.
Ces mesures, que les représentants syndicaux trouvent acceptables, sont indignes. D’abord, parce qu’avec une telle somme un ouvrier au chômage et sa famille ne peuvent tenir qu’un temps très court. Ensuite, parce que les quelques millions déboursés par Michelin pour « accompagner » les ouvriers qu’il met à la rue sont dérisoires par rapport aux profits dégagés sur le dos des travailleurs de La Roche depuis des décennies, et plus généralement par rapport aux dividendes distribués aux actionnaires. Rappelons qu’en 2018 les profits du groupe se sont élevés à 1,68 milliard d’euros.
Même pour la centaine de salariés de La Roche qui ont accepté une mutation vers d’autres usines du groupe, par exemple à Bourges ou à Cholet, quelles garanties ont-ils que ce nouveau sacrifice leur assurera un avenir ? Michelin joue les grands seigneurs en affichant quelques aides financières à ceux qui vont se faire muter. Mais, parmi les licenciés de La Roche, il y a des travailleurs qui ont déjà été forcés de quitter leur emploi à Joué-lès-Tours ou ailleurs, et qui n’en peuvent plus de se faire balader selon les besoins du patron !
Non content d’avoir empoché année après année des millions d’euros d’aides publiques au nom de la création d’emplois, Michelin a le culot de demander à l’État et à la région de lui verser encore un peu plus d’argent. Citant en modèle le mécanisme mis en place avec le soutien des pouvoirs publics lors de la fermeture de son usine de Dundee, en Écosse, le patron prétend vouloir aider à la renaissance du site qu’il est en train de liquider de la manière suivante : pour chaque euro versé par l’État et la région dans une caisse dédiée à la réindustrialisation du site, le groupe Michelin verserait lui aussi son euro ! Le cynisme patronal n’a pas de limite.