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- Lutte ouvrière n°2685
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Editorial
“Âge pivot-âge pipeau” : c’est toute la réforme des retraites qui est à jeter !
Samedi 11 janvier, au 38e jour de grève des cheminots et des agents de la RATP, et alors que plusieurs centaines de milliers de personnes manifestaient leur opposition à la réforme, Philippe a annoncé une vraie-fausse disparition de l’âge pivot.
En réalité, cet âge pivot, rebaptisé âge d’équilibre, sera maintenu pour toutes les générations partant en retraite après 2027. Son annonce ne concerne que ceux qui partiront entre 2022 et 2027, et elle est sous condition.
Les confédérations syndicales et le grand patronat doivent trouver un autre moyen de financement, sans faire payer le patronat… sans quoi l’âge pivot serait réintroduit, même pour ces générations.
Ce que les médias présentent comme un signe d’ouverture est donc un enfumage de première. Tout au plus montre-t-il la fébrilité du gouvernement face aux grèves et aux manifestations.
Pour empêcher le saccage des retraites, il faut le retrait de tout le projet. Comment accepter un nouveau système qui, sous couvert de justice, réduira les pensions de 20 ou 30 % et nous forcera à retarder notre départ à la retraite ?
Poudre aux yeux, mauvaise foi, mensonges et confusion : voici comment le gouvernement espère faire passer la pilule. Il promet en particulier un minimum de 1 000 euros de retraite, et le présente comme le summum du progrès pour les femmes et les plus précaires. C’est indigne ! 1 000 euros, après toute une vie de travail ? Quel ministre ou député vivrait avec cela ?
Quant aux mensonges, ils sont innombrables. Certains perroquets de la majorité affirment même qu’il serait plus avantageux de calculer la retraite sur la base de toute la vie professionnelle que sur les 25 meilleures années ou les six derniers mois ! D’autres expliquent aux enseignants que les hausses de salaire qu’on leur refuse depuis vingt ans vont enfin arriver… Heureusement que le ridicule ne tue pas ! Et ces menteurs professionnels nous demandent de leur faire confiance !
Alors, tous ceux qui continuent de demander le retrait pur et simple du projet gouvernemental ont mille fois raison. Ce qui se joue autour des retraites, c’est la lutte de classe, une lutte féroce où la bourgeoisie montre sa voracité. Car c’est pour elle que Macron tient à cette réforme. Pour assurer l’équilibre des retraites, l’État met aujourd’hui la main à la poche. En 2018, il y a consacré trois milliards. Ce sont trois milliards sur 350 de budget total des retraites, mais, pour le grand patronat c’est déjà trop ! La bourgeoisie exige des économies sur les hôpitaux, l’éducation ou les retraites, parce qu’elle veut que l’État lui réserve cet argent.
En 2019, les entreprises du CAC 40 ont distribué 60 milliards d’euros à leurs actionnaires, un record historique. Il suffirait de prendre ne serait-ce que 10 % de ces 60 milliards pour assurer le financement des régimes de retraite, mais c’est impensable pour le gouvernement. La seule issue qu’il envisage est de faire payer les travailleurs, leur enlever des droits, les mettre à la diète.
Que les dirigeants de la CFDT ou de l’UNSA marchent désormais avec le Medef dans la mascarade gouvernementale n’y change rien. Ces mêmes confédérations accompagnent tous les reculs depuis des années en se targuant d’éviter le pire. Déjà en 1995, la CFDT conduite par Nicole Notat avait pris fait et cause pour le plan Juppé, qui avait été abandonné sous la pression des grévistes.
Eh bien, aujourd’hui encore, ce sont les forces que les travailleurs mettront dans le combat qui seront déterminantes. Tous ceux qui se sont engagés dans cette grève ont compris qu’il n’y avait pas d’autre choix. Ce sont les profits des capitalistes ou nos retraites, leurs dividendes ou nos emplois, leurs sinécures ou nos conditions de travail. La seule chose qui compte, c’est le rapport de force.
Les dizaines de milliers de grévistes de la SNCF et de la RATP ont pris conscience de cette nécessité et en ont fait leur combat. C’est une victoire sur la résignation dans laquelle Macron voudrait nous enfermer, y compris à coups de matraque et de LBD.
Avec cette mobilisation qui continue, le camp des travailleurs est plus fort qu’hier. Chaque jour de grève et de mobilisation est une petite victoire pour les travailleurs et une défaite pour Macron. Alors, il faut tout faire pour que les nouvelles échéances prévues, avec en particulier la journée de mobilisation du jeudi 16 janvier, soient réussies.
Comme le disent les grévistes depuis plus de cinq semaines, c’est une grève « pour l’honneur des travailleurs et pour un monde meilleur ». Parce que seul le combat des travailleurs offre une perspective à la société.
Bulletins d’entreprise du 13 janvier 2020