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Leur société
Cotisations des hauts cadres : le patronat rafle la mise
Parmi les multiples cadeaux faits au patronat dans le cadre de la réforme des retraites, figure la quasi-suppression des cotisations vieillesse, salariales et patronales, pour les très hauts revenus.
Celles-ci permettent actuellement d’alimenter les caisses de retraite, en prélevant des cotisations sur des revenus annuels jusqu’à 320 000 euros brut.
Le projet de réforme prévoit de baisser ce plafond à 120 000 euros. Les salariés paieront 11,25 % et leurs patrons 16,67 % de cotisations, soit environ le montant actuel, jusqu’à 120 000 euros, soit 10 000 euros mensuels brut. Mais, au-delà, les cadres ne paieront plus que 1,12 % de cotisations et leur employeur 1,69 %, dix fois moins.
Cela augmenterait donc notablement le salaire net des cadres déjà les mieux payés. En revanche, leurs cotisations au-delà du plafond n’ayant pas d’incidence sur le montant de leur retraite, ils seraient fortement incités à l’augmenter en cotisant auprès de fonds de pension. Cela tombe bien, comme le souligne un des vautours du secteur dans Les Échos : « Par une heureuse concordance législative, (…) la loi Pacte (qui vient d’être adoptée) et ses textes d’application ont en effet quelque peu simplifié ces outils et renforcé leur attractivité (…) et on pourrait enfin assister à une réelle émergence de fonds de pension en France. »
Mais, sans même attendre l’ouverture de ce nouveau terrain de jeu à la finance spéculative, les vrais gagnants sont bien sûr les employeurs eux-mêmes. Contrairement aux travailleurs, ils ne paient déjà plus leurs cotisations patronales retraite au niveau du smic, et seulement de façon dégressive jusqu’à 1,6 smic. Maintenant, ils n’en paieraient quasiment plus également pour les plus hauts salaires. Cela signifie que de nouveaux milliards vont tomber dans le puits sans fond des dividendes des actionnaires.
Le manque à gagner, lui, va être conséquent pour les caisses de retraite : de l’ordre de trois milliards d’euros par an. La CFE-CGC, syndicat des cadres, parle du « trou qui se creusera méthodiquement, pour atteindre 65 milliards d’euros, et dont on nous dit que les réserves actuelles pourraient être mobilisées pour le combler ».
Sans même parler de l’essentiel de la réforme, cette seule mesure montre combien ce plan relève du vol et de l’escroquerie en bande organisée. Derrière le refrain « Pour l’avenir de nos enfants, sauvons les caisses de retraite » que psalmodie le gouvernement, la devise de la bourgeoisie en pleine décadence est au contraire inspirée de Woody Allen : « Prends l’oseille et tire-toi ! »