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Secteur aérien : promesses, l’air… de rien
Une dizaine de professions dotées de régimes spéciaux de retraite ayant annoncé qu’elles feraient grève début janvier, le gouvernement s’est efforcé d’obtenir qu’elles lèvent leur préavis, notamment dans le transport aérien.
Le gouvernement sait d’expérience qu’une grève des pilotes, des navigants commerciaux et des contrôleurs paralyserait les aéroports. Et en plus, elle serait un renfort pour les grévistes de la SNCF et de la RATP.
À la veille de Noël, le secrétaire d’État aux Retraites, Pietraszewski, et son collègue Djebbari, aux Transports, ont ainsi promis oralement tout ce que voulaient entendre les syndicats corporatistes des pilotes et des PNC, les personnels navigants commerciaux, hôtesses et stewards. Cela concerne le maintien des régimes de retraite du secteur et d’un âge de départ en retraite à taux plein plus précoce que 64 ans.
Que ces promesses soient tenues, c’est une autre affaire. Chirac – un spécialiste en matière de mensonges destinés à berner les travailleurs, lui qui fut entre autres secrétaire d’État à l’Emploi de De Gaulle lors de la grève générale de mai 1968 – ne disait-il pas que « les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent » ? En fait, le SNPL, principal syndicat de pilotes, s’en doute bien car, tout en se félicitant d’avoir trouvé, à l’en croire, « un gouvernement ouvert à nos demandes », il ajoutait : « Simplement on a besoin (…) de voir si financièrement tout cela tient la route. »
C’est évident, quand on sait que la réforme des retraites Macron-Philippe appliquée aux pilotes et aux PNC aurait, selon le principal syndicat de ces derniers, signifié une baisse de 40 % de leurs pensions et un temps de travail allongé pour des professions aux conditions de vie et de travail éprouvantes, malgré l’habillage glamour qu’en donnent les compagnies.
Et puis il y a le régime complémentaire par répartition, commun aux pilotes et PNC, autogéré et surtout très bien doté, puisqu’il a une encaisse de cinq milliards… sur laquelle le gouvernement lorgnait, au prétexte de créer un régime général universel.
Quant aux « avancées » ou garanties sur les conditions de départ dont se félicitent trois syndicats de PNC (SNPNC FO, Unsa PNC et Unac), ceux-ci ont beau relativiser en disant que « nombre de questions restent en attente de réponses claires et précises », cela ressemble à un marché de dupes. Si les PNC nés avant 1987 pourront continuer à prendre leur retraite à taux plein à 55 ans (et à 60 ans aux mêmes conditions pour les pilotes), les plus jeunes n’y auront plus droit.
Quant aux contrôleurs aériens, le gouvernement leur a concédé une ouverture des droits à retraite à 52 ans (avec un âge pivot à 56 ans). Mais, alors qu’il l’a maintenue pour les policiers, il leur a supprimé la clause des 1/5e validant une année de cotisation pour cinq travaillées. À la place, il leur a été promis que leur employeur, la DGAC – Direction générale de l’aviation civile – sur-cotiserait pour leurs retraites...
Considérant que ces syndicats, qui ont retiré leur préavis de grève du 3 au 6 janvier, se « sont fait berner » par le gouvernement, la CGT du transport aérien a déclaré qu’elle continuerait à s’opposer au projet gouvernemental, notamment à Air France, EasyJet et Corsair, et qu’avec d’autres syndicats du secteur (Alter, SNGAF, CGT PNC, UNPNC, PNC CFTC) ils seraient en grève, notamment début janvier.