Clause du grand-père : “Les autres”, c’est nous tous31/12/20192019Journal/medias/journalarticle/images/2019/12/P3_2019_12_17_Manif_Retraites_Clause_grand-pere_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

dans le mouvement

Clause du grand-père : “Les autres”, c’est nous tous

Au gouvernement qui leur proposait de n’appliquer la réforme des retraites qu’aux nouveaux embauchés, les salariés de l’Opéra de Paris, danseurs, musiciens et techniciens, ont répondu : « Nous ne pouvons pas être la génération qui aura sacrifié les suivantes. »

Illustration - “Les autres”, c’est nous tous

C’est aussi pour les générations suivantes que se battaient les cheminots lorsqu’ils défendaient leur statut, c’est pour « les autres » qu’ils se battent aujourd’hui avec ceux de la RATP pour défendre les retraites de tous les salariés.

Cette attitude semble incompréhensible à nombre de journalistes, de commentateurs et de politiciens. Comment donc, disent-ils, on vous donne satisfaction et vous continuez à exiger qu’on donne la même chose aux autres ? Quelle étrangeté en effet, dans le monde du profit individuel, de la réussite solitaire, du chacun pour soi, que de se soucier des autres. Pour un patron, petit, moyen ou grand, « les autres » ce sont ces gens qu’il faut exploiter lorsqu’ils sont ouvriers, gruger lorsque ce sont des clients. Ce n’est même pas de la malhonnêteté, c’est la morale et le comportement qui correspondent à leur place dans la société et à la nécessité d’écraser les autres pour s’en sortir soi-même. Les nantis sont tellement imbibés d’individualisme qu’ils ne se rendent pas compte qu’ils injurient les grévistes en leur proposant la clause du grand-père.

Pour un travailleur conscient, en revanche, « les autres » c’est l’ensemble des exploités, ceux qui produisent tout, ses amis, ses voisins, connus ou inconnus, la collectivité. Pour les exploités aussi la morale découle de la place dans la société et c’est donc parmi les travailleurs qu’on peut trouver des comportements solidaires. Des travailleurs débrayent pour qu’un intérimaire soit embauché, alors que les employeurs le considèrent comme un simple pion. Une infirmière reste au travail tant qu’elle n’est pas remplacée, l’État ou les cliniques privées réduisent les emplois au risque de l’accident. Un marin sauveteur bénévole sort en mer par tous les temps, un armateur négocie le prix du remorquage d’un navire en détresse avant de faire quoi que ce soit. Un cheminot blessé dans un accident va poser des balises sur la voie, un entrepreneur du bâtiment lésine sur le béton au risque de l’effondrement. Les travailleurs se demandent quel monde ils vont laisser aux générations suivantes et souvent se battent pour qu’il soit le meilleur possible. Les capitalistes veulent un profit immédiat et après eux le déluge…

Les possédants et leurs représentants continueront donc à ne pas comprendre et les grévistes continueront à se battre pour des « autres » qui sont les leurs et au fond nous tous.

P. G.

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