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Urgences pédiatriques : une médecine de guerre ?
Entre le 17 octobre et le 2 décembre 2019, 22 enfants de région parisienne, pour la plupart des nourrissons âgés de moins d’un an, ont dû être transférés en province, à Rouen, Caen ou Reims, faute de lits de réanimation pédiatrique disponibles dans les hôpitaux d’Île-de-France
Ce nombre est exceptionnel car, les années précédentes, il y avait eu au maximum quatre transferts de nourrissons, parfois aucun, pendant l’épidémie hivernale de bronchiolite. Cette année, tous les médecins témoignent de la situation catastrophique, lourde de dangers mortels.
Le chef du service pédiatrique de l’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis, raconte que certains soirs de novembre, au début des gardes, il savait qu’il n’y avait plus de lit de réanimation pédiatrique pour toute l’Île-de-France. La simple attente pour les consultations de nourrissons dépassait les cinq heures.
À Necker, hôpital réputé, on demande, faute de place, de « faire entrer et sortir très rapidement » les bébés hospitalisés. En octobre, la Neuropédiatrie y a refusé 35 enfants faute de places. La Réanimation en a refusé 69 autres. En novembre, à l’hôpital Robert-Debré, durant deux week-ends d’affilée, plusieurs lits ont dû être fermés, faute de personnel. Les deux IRM ne peuvent plus être ouvertes les week-ends et jours fériés, pour la même raison
Tous les hôpitaux, aussi bien en région parisienne que dans les autres régions, connaissent cette situation catastrophique. Les soignants multiplient les appels d’urgence. Ainsi, mi-novembre, 2 000 professionnels de la pédiatrie ont signé une tribune dans la presse : « La crise de l’hôpital public expose les enfants à être moins bien soignés, voire à être mis en danger par l’insuffisance des moyens… Cela se traduit par des centaines de lits fermés en pédiatrie, par manque de personnel soignant mais aussi par réduction programmée et anticipée de longue date par l’administration. Cette situation de crise est vécue quotidiennement par les équipes comme une médecine de guerre : choisir quel enfant hospitaliser en priorité, quelle chirurgie pourtant indispensable différer, transférer des enfants instables dans des réanimations à plus de 200 km de leur domicile. »
Comme elle le fait depuis des mois, la ministre de la Santé Agnès Buzyn se défausse, nie le problème de fond, en demandant simplement « des préconisations de court terme et de moyen terme pour résorber les tensions et optimiser la couverture des besoins ». Autrement dit, surtout pas des moyens humains supplémentaires.
Pourtant, la catastrophe sanitaire est là, bien présente dans tous les hôpitaux, dans tous les services. Le fait qu’elle touche désormais les urgences pédiatriques, et donc les enfants en bas âge, rend l’attitude du gouvernement d’autant plus révoltante.