De partout, en banlieue ou dans les quartiers périphériques, des manifestations sont parties, composées d’enseignants, de postiers, de cheminots, d’agents de la RATP. En chemin, ils ont été rejoints par d’autres salariés, applaudis par les passants, encouragés à poursuivre la lutte. C’est regonflés et enthousiastes qu’ils ont rejoint la place de la République et des milliers d’autres grévistes tout aussi déterminés.

Sur place, même les plus agiles escaladant des poteaux pour prendre de la hauteur ne pouvaient voir le début et la fin de la manifestation. Au-delà des cortèges syndicaux traditionnels, des dizaines de milliers de manifestants étaient là avec leurs propres pancartes, leurs propres banderoles pour les groupes les plus organisés. Seuls ou en groupe, les participants se mélangeaient aux autres, entraînant les moins habitués à manifester. Tous cherchaient à mesurer quel secteur était présent, combien étaient venus. Les multiples cortèges RATP et SNCF étaient applaudis, tant les manifestants sont convaincus qu’il faut tenir dans le bras de fer contre le gouvernement et que la victoire en sera une pour tous. Les hospitaliers, les services de Samu, les internes, en lutte depuis des mois pour leurs conditions de travail et pour l’accès à des soins de qualité, étaient également très applaudis.

Le nombre, mais aussi la détermination palpable, la volonté de ne plus accepter les attaques du gouvernement et du patronat, tout cela a rendu les manifestants plus forts. Ils sont repartis avec le sentiment de partager la même révolte contre les conditions de vie et de travail semblables, contre la riche minorité capitaliste servie par un gouvernement qui traite de privilégiés ceux qui font tourner la société. Beaucoup riaient de ces propos sur les privilégiés, comme ils riaient de Delevoye, l’homme aux 13 métiers et aux 4 retraites qui présente une pension de mille euros comme un pactole.