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Le capital financier à l’affût
Les fables avancées par le gouvernement pour tenter de justifier la réforme des retraites, invoquant l’allongement de la durée de la vie, ou la profondeur du futur déficit des caisses, sont de moins en moins crédibles et de moins en moins acceptées.
Derrière le masque du « Soyons raisonnables », la volonté du gouvernement de faire payer le monde du travail apparaît donc de plus en plus clairement.
Le système de retraite risquerait de ne plus pouvoir être financé ? C’est un mensonge, doublé d’une absurdité. Son financement par l’État, 2,9 milliards d’euros actuellement, ne représente que 0,1 % du produit intérieur brut, contre 0,7 % il y a dix ans, et les réserves des caisses, constituées par les cotisations sociales, représentent plus de 127 milliards. Le prétendu déficit, lui, n’est au demeurant qu’une notion comptable parfaitement discutable, puisqu’il est normal, après une vie de travail, que tous puissent bénéficier d’une pension assurant une vie correcte. Le versement de celle-ci aux 17 millions de retraités est une mesure de protection sociale, comme le droit à la santé par exemple. En l’occurrence, parler de déficit des caisses de retraites est un choix politique, choix de ceux qui rêvent de faire des économies sur ce poste budgétaire pour en consacrer le montant à des dépenses tout sauf sociales.
Si depuis 26 ans le système des retraites des salariés est attaqué par les gouvernements successifs, c’est bien pour réduire progressivement la part des richesses redistribuées aux anciens travailleurs. Qui se réapproprie les sommes volées aux retraités ? Au profit de qui s’opère ce transfert, si ce n’est la mince couche de milliardaires, les capitalistes de la finance, du commerce et de l’industrie, dont les fortunes cumulées représentent, elles, 15 % du PIB et ont plus que décuplé en deux décennies ?
Pour permettre aux capitalistes de continuer à s’enrichir, et surtout de s’enrichir le plus rapidement possible dans le contexte de croissance atone et de crise économique de leur système, le gouvernement s’attelle à réduire les dépenses publiques. Il s’agit, tous le constatent, de réduire celles qui permettent aux habitants de vivre, circuler, habiter, échanger, s’éduquer, mais aussi celles qui assurent un revenu aux presque cinq millions d’anciens travailleurs de la fonction publique.
Ces derniers ne sont pas les seuls attaqués par le projet de réforme. Car, en organisant l’appauvrissement des futures générations de retraités, ceux qui ont conçu la réforme poussent consciemment des millions de salariés à diriger leurs économies forcées vers les fonds de pension et autres capitalistes de l’assurance. Les ministres macroniens ont beau jurer leurs grands dieux que le système de retraite par répartition demeure, c’est bien d’une incitation à la capitalisation qu’il s’agit. Parmi les premiers vautours à convoiter les économies forcées des travailleurs, le fonds d’investissement BlackRock rédigeait à destination du gouvernement français une note regrettant : « Fin 2017, seuls 130 milliards d’euros avaient été collectés dans ces produits [d’épargne retraite], ce qui est décevant par rapport à l’épargne déposée en liquidités (1 500 milliards d’euros), les produits d’assurance-vie en euros (1 600 milliards d’euros) ou les investissements directs/indirects en actifs non financiers (plus de 7 600 milliards d’euros. » Visiblement, BlackRock attendait du gouvernement qu’il s’emploie à améliorer ces chiffres !
Macron s’était présenté, en 2017, comme l’homme capable de répondre au mieux aux exigences du grand capital, et sa réforme des retraites alors dans le flou se révèle à présent pour ce qu’elle est : une arme de guerre pour prélever sur le monde du travail de quoi alimenter les profits du capital financier.
Seul le rapport de force que les travailleurs sauront imposer pourra faire barrage à ses appétits.