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Dans le monde
Syrie : la mort d’al-Baghdadi ne met pas fin à Daech
C’est à une mise en scène obscène que Trump s’est livré pour annoncer la mort d’Abou Bakr al-Baghdadi, un des chefs de Daech, tué le 27 octobre par des forces américaines appuyées par le renseignement kurde, près d’Idlib, en Syrie.
« Comme si on regardait un film », dans lequel il s’est attribué le rôle principal, le président américain a accumulé les détails sordides et les qualificatifs outrageants, dont on peut imaginer les effets sur les jeunes Irakiens qui ont pu être sensibles à la propagande de Daech et de ses avatars. Juste après ses propres exploits – « depuis que je suis commandeur en chef des États-Unis, nous avons éradiqué son califat à 100 %… mais je n’arrêtais pas de répéter : Où est al-Baghdadi, je veux al-Baghdadi ! »
Trump a vanté les exploits d’un chien de l’armée, lancé à la poursuite du chef de Daech, sans en donner le nom « pour protéger son identité », mais en twittant sa photo. Devant le ridicule de la prestation, des chefs du Pentagone se sont discrètement désolidarisés du récit, signalant qu’ils n’avaient « pas les mêmes informations ».
Trump peut bien jouer les shérifs en se vantant d’avoir abattu un délinquant, il ne peut faire oublier que c’est toute la politique de l’impérialisme américain qui a fait naître les milices djihadistes, sur lesquelles il s’est appuyé dans de nombreux pays, avant qu’elles n’échappent à leur créateur. Et c’est sa politique qui leur permet de croître et de se multiplier.
Et même si un, voire un deuxième chef de Daech, viennent d’être éliminés en Syrie, même si les ex-bastions de Mossoul et Raqqa ont été repris il y a deux ans, les milices se revendiquant de Daech ou d’al-Qaïda, tout comme des groupes djihadistes autonomes, sont évidemment toujours présents. Ils continuent aussi à mener des opérations en Afghanistan, en Syrie, en Irak, au Sahel, en Somalie et dans certains pays d’Asie.
Depuis la reprise de leur dernier territoire dans le Nord syrien, Baghouz, par les Forces démocratiques syriennes (kurdes) en mars dernier, plusieurs centaines d’attentats auraient été revendiqués par Daech ou des milices concurrentes.
Le chaos invraisemblable et la misère sociale entretenus par des années de guerre impérialiste au Moyen-Orient leur ouvrent un espace et constituent pour elles un terreau inépuisable.