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Dans le monde
Le Brexit retourne à la case élections
En Grande-Bretagne, le Premier ministre conservateur Boris Johnson a finalement dû ravaler ses hâbleries.
Il avait répété qu’il préférerait « crever dans un fossé » plutôt que d’écrire à l’Union européenne (UE) pour demander un délai supplémentaire dans les négociations sur le Brexit. Mais le parlement ne lui a pas laissé le choix et l’UE a évidemment accordé à Johnson le délai demandé.
La pantomime du Brexit – ou plutôt du pré-Brexit, car celui-ci sera de toute façon suivi de longues négociations commerciales –va donc continuer. Simplement, pendant les trois mois qui viennent, son cadre devrait se limiter à la Grande-Bretagne et aux enjeux électoraux.
Pour Johnson, il s’agit de reconstituer une majorité parlementaire pour mener la politique anti-ouvrière, de baisses des coûts salariaux et des impôts sur les bénéfices qu’il promet à la bourgeoisie.
Quant au principal parti d’opposition, le parti travailliste, son leader Jeremy Corbyn continue à louvoyer pour éviter à tout prix d’être accusé de vouloir s’opposer à la « volonté du peuple » prétendument représentée par le référendum de 2016.
À défaut de prendre le problème de front, celui-ci avance un programme électoral qui rétablirait ou maintiendrait une bonne partie de ce que le Brexit menace de remettre en cause, de la libre circulation entre l’UE et la Grande-Bretagne aux dispositions du droit du travail britannique qui ont été améliorées par les réglementations européennes. À quoi les travaillistes ajoutent nombre de promesses auxquelles pas grand monde ne croit mais qui, pour beaucoup d’électeurs des classes populaires, font plaisir à entendre : cela va de la renationalisation des entreprises de transports et d’énergie, à l’annulation de quantité de coupes budgétaires imposées aux budgets sociaux depuis 2008, aux dépens des plus pauvres.
Face à cela, Johnson n’a qu’un argument pour faire le plein de voix : il se présente comme le seul représentant de la « volonté du peuple », victime d’une conspiration de toute « l’élite politique » visant à l’empêcher de réaliser le Brexit voulu par le peuple. Ses sous-fifres agrémentent d’ores et déjà sa campagne de relents nationalistes et xénophobes odieux qui rappellent déjà la campagne du référendum de 2016. Sur ce terrain, Johnson a face à lui son vieux complice souverainiste du référendum de 2016, Nigel Farage, aujourd’hui à la tête d’un Brexit party dont les résultats sont la grande inconnue de ce scrutin.
En tout cas, une chose est sûre. Une partie importante de la population, en particulier dans la classe ouvrière, en a plus qu’assez d’entendre parler du Brexit et de ses avatars. Ce n’est pas pour rien si Sky, l’un des plus gros groupes privés de chaînes télévisées par satellite a créé une chaîne spéciale dont la principale caractéristique est qu’on n’y prononce jamais le mot « Brexit » dans ses programmes !