- Accueil
- Lutte ouvrière n°2674
- Italie : une extrême droite renforcée
Dans le monde
Italie : une extrême droite renforcée
Avec vingt points d’avance sur son concurrent de centre-gauche, la candidate de la coalition de droite et d’extrême droite a triomphé lors de l’élection régionale partielle en Ombrie, dimanche 27 octobre.
Cette petite région de moins d’un million d’habitants, au centre de l’Italie, était aux mains de la gauche depuis les années 1970 et considérée traditionnellement comme une région rouge. En avril dernier, un scandale lié au trucage des concours du secteur de la santé avait secoué le Parti démocrate au pouvoir. La présidente PD de la région avait dû présenter sa démission, après l’arrestation du secrétaire régional du parti et de l’adjoint à la Santé PD du conseil régional.
La corruption manifeste de ces notables régionaux a ajouté au dégoût et au rejet des politiciens qui s’expriment déjà largement dans les milieux populaires. Un sentiment que Salvini, le dirigeant du parti d’extrême droite la Ligue, a su exploiter au maximum. Pour Salvini, qui était encore ministre de l’Intérieur il y a deux mois, cette élection partielle était l’occasion de faire une démonstration politique contre le nouveau gouvernement Conte. La coalition entre la Ligue et le M5S (Mouvement 5 étoiles) a été remplacée par une alliance entre celui-ci et le PD, que Salvini dénonce, déclarant que ces deux partis ont choisi avant tout « les fauteuils », autrement dit d’aller à la soupe.
Salvini a donc repris ses insanités antimigrants et ses délires sécuritaires pour soutenir sa candidate aux régionales, affirmant que ces élections démontreraient l’illégitimité du gouvernement. La candidate était soutenue non seulement par la Ligue mais aussi par Forza Italia, le parti de Berlusconi, et le parti néofasciste Fratelli d’Italia (Frères d’Italie, du titre de l’hymne national italien).
Les résultats donnent malheureusement raison à Salvini. La participation est en hausse de 13 % et, si les électeurs se sont mobilisés, c’est pour voter massivement à droite, sa candidate obtenant plus de 57 % des voix. Au sein de la coalition, Fratelli d’Italia double le parti de Berlusconi, dépassant les 10 %. La Ligue de Salvini reste cependant hégémonique, avec plus de 36 % des suffrages. En face, le PD perd des plumes, mais c’est surtout le M5S qui s’écroule à 7 %, divisant encore par deux son score des européennes de mai dernier.
Le M5S, fondé sur la dénonciation de la caste des politiciens, se proclamant « citoyen » et voulant « faire de la politique autrement », paie là ses combinaisons politiciennes, successivement avec la Ligue, puis avec le PD, qui en font un parti comme les autres. Finalement, la Ligue de Salvini peut d’autant mieux proclamer qu’elle est la seule et unique force antisystème.
Deux mois après l’entrée en scène du nouveau gouvernement, censé conjurer le risque de voir la politique odieuse de Salvini triompher, cette élection montre que celui-ci, renvoyé dans l’opposition, progresse d’autant plus. Espérer que des arrangements politiciens suffiront à barrer la route à l’extrême droite est non seulement vain, mais dangereux.