États-Unis – General Motors : la reprise après six semaines de grève30/10/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/10/2674.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis – General Motors : la reprise après six semaines de grève

Après six semaines de grève, les travailleurs de General Motors aux États-Unis ont majoritairement voté pour la reprise du travail.

La grève avait commencé le 15 septembre, à l’appel du syndicat des travailleurs de l’automobile, l’UAW. Elle concernait l’ensemble des 46 000 salariés de GM dans le pays, employés dans 33 usines réparties dans neuf États et dans 22 magasins de pièces détachées.

La grève a commencé lors du renouvellement du contrat. Négocié tous les quatre ans entre la direction et l’UAW, il concerne non seulement les horaires de travail et les salaires, mais aussi les pensions, l’assurance maladie, etc. Depuis 2007, en faisant un chantage à la faillite, la direction de GM avait imposé des contrats toujours plus désavantageux pour les nouveaux embauchés, dont les salaires sont la moitié de ceux des anciens embauchés.

Ce système, dit à deux vitesses, a été au cœur de la mobilisation des grévistes, en colère contre ce recul pour les plus jeunes, et contre la division qu’elle induit entre travailleurs. Ces quatre dernières années, GM a fait près de 30 milliards de dollars de profits. Elle veut encore fermer quatre usines. Trop, c’était trop !

La grève a été organisée et menée de bout en bout par la direction du syndicat, auquel appartiennent la quasi-totalité des salariés. Alors que l’UAW a une longue histoire de collaboration de classe, il est probable que les poursuites récemment engagées contre plusieurs de ses dirigeants, accusés de corruption, aient joué dans leur décision d’appeler à la grève. Cependant, ils se sont appuyés sur une colère générale, et la grève a été très bien suivie. De nombreux travailleurs étaient présents sur les piquets de grève, bien au-delà des quatre heures hebdomadaires requises pour bénéficier de l’indemnité versée par le syndicat (environ 250 euros par semaine). Ils étaient souvent rejoints par les travailleurs d’autres entreprises, comme Ford et Fiat Chrysler. De nombreux grévistes étaient également très présents dans les locaux syndicaux, où la grève s’organisait. Et quand les dirigeants de l’UAW ont appelé à la reprise, le scrutin leur a donné un résultat partagé : 57 % des votants ont accepté l’offre de la direction, mais 43 % des grévistes étaient favorables à la poursuite de la grève.

Qu’ont obtenu les travailleurs de GM ? Ils recevront des primes, jusqu’à 11 000 dollars (10 000 euros) pour les plus anciens d’entre eux. Sur la question du double statut, ils n’ont que partiellement obtenu l’alignement sur le contrat des plus anciens embauchés. Il faut dire que les patrons des grandes firmes de l’automobile (GM, Ford, Fiat Chrysler) ont fait depuis des années de cette différenciation un élément essentiel de leur politique.

Mais, au-delà des gains matériels, le plus important est qu’il y a eu une réaction des travailleurs. Dans l’automobile, c’est la plus longue grève nationale depuis 1970. Dans leur éditorial du 28 octobre les militants trotskystes du groupe The Spark écrivent :

« Les travailleurs de GM n’ont rien à regretter. Ils ont fait ce qui n’avait pas été fait depuis des décennies. Leur grève est allée à rebours de la démoralisation et de la résignation qui pèsent dans la classe ouvrière. Le combat des travailleurs de GM a ouvert une brèche pour tous les travailleurs. Le soutien élevé dont ils ont bénéficié, sur les piquets et ailleurs, montre que les travailleurs d’autres entreprises considéraient que ce combat était le leur. Il a ouvert la voie pour une solidarité entre de vastes secteurs de la classe ouvrière. »

Partager