Amérique latine : dans la tourmente de la crise30/10/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/10/2674.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Amérique latine : dans la tourmente de la crise

Les manifestations qui se sont multipliées en Amérique latine sont en partie la conséquence des politiques menées depuis une quarantaine d’années, marquées par le démantèlement des entreprises publiques, vendues aux grandes entreprises locales ou aux multinationales. Elles se sont accompagnées de licenciements massifs de travailleurs et d’un endettement qui n’a cessé de croître.

Les dictatures des années 1966 et 1970 ont ouvert la voie. Les militaires chiliens au pouvoir à partir de 1973 ont offert à des économistes nord-américains un terrain expérimental pour mettre fin à toute régulation de l’économie, ouverte à la voracité des grands capitaux. Cela a amplifié les inégalités au Chili.

En Argentine, les militaires ont agi dans la même direction, léguant à la population une dette sans cesse croissante. Celle-ci a fait la fortune des établissements financiers et poussé dans la misère une grande partie de la population.

Il ne faut pas oublier non plus que l’Amérique latine est, depuis toujours, dépendante des fluctuations des cours des matières premières : le pétrole pour le Venezuela et l’Équateur ; le gaz pour la Bolivie ; le cuivre pour le Chili ; la production agricole pour le Brésil et l’Argentine.

Jusqu’à l’an dernier, certains pouvaient prétendre que seul le Venezuela de Maduro était dans la tourmente. C’est ce que voulait croire le président chilien quand il voyait, il y a peu, son pays comme une oasis !

Mais, comme on peut le constater aujourd’hui, aucun pays n’échappe aux conséquences de la crise du système capitaliste. Et les populations ne supportent plus de les payer.

Les années 2000-2011 ont été marquées par l’arrivée au Venezuela et en Bolivie de gouvernements qui voulaient instaurer un partage des richesses un peu plus favorable aux classes populaires. C’était d’autant plus possible que le cours des hydrocarbures était à un sommet, jusqu’à 140 dollars le baril de pétrole brut. En Argentine, Brésil ou Équateur, des gouvernements de centre-gauche ont voulu aller dans le même sens, menant des politiques d’aides sociales, dénoncées par la grande bourgeoisie et la droite, mais qui ont fait baisser en partie les taux de pauvreté. Ce tournant à gauche a été bien modeste, aucun de ces dirigeants n’ayant cherché à s’en prendre sérieusement à la dictature du capital. Et quand les uns et les autres ont été en difficulté, la droite a pu revenir aux affaires, reprendre les choses en main et détricoter les programmes sociaux.

Une grande partie des classes populaires, du nord au sud de l’Amérique latine, se dressent aujourd’hui contre les conséquences de ces attaques, mais sans qu’aucune force politique leur présente une véritable alternative.

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