Happytal : le fromage de l’argent public28/08/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/08/2665.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Happytal : le fromage de l’argent public

À l’hôpital Bichat à Paris, le poste d’accueil dans le hall a fermé et une entreprise privée, Happytal, a pris sa place. Cette société vit en parasite sur les hôpitaux publics où elle s’est installée, comme certains hôpitaux de l’AP-HP ou de région, comme le CHR d’Orléans.

La société Happytal prétend accompagner patients et membres du personnel. En fait, elle leur propose des services facturés : livraison de fleurs ou de repas de l’extérieur, séances de maquillage ou d’épilation, etc. Mais surtout, les salariés d’Happytal ont pour mission de convaincre les patients de demander une chambre individuelle, en les assurant que leur mutuelle remboursera les frais supplémentaires qui leur seront facturés par l’hôpital. Avec plus de chambres individuelles facturées, Happytal se vante de faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’hôpital et prélève sa commission au passage : pour le groupe des hôpitaux de l’est parisien par exemple, l’AP-HP verse 750 000 euros par an à Happytal.

Découvrant après coup que leur mutuelle ne les couvre pas, ou seulement en partie, des patients se retrouvent à devoir payer les frais d’une chambre individuelle.

Et, de toute façon, les mutuelles ne manqueront pas de répercuter les dépenses supplémentaires de remboursement en augmentant les cotisations de tous leurs adhérents. En plus des hôpitaux, Happytal ambitionne de s’installer dans les Ehpad, où les patients âgés constituent une proie facile pour ces marchands sans scrupule.

Ce contrat entre une société privée et l’hôpital public s’inscrit dans la continuité de la privatisation d’activités à l’hôpital ces dernières années : ménage, restauration, transport des patients…dont les pouvoirs publics se sont faits les promoteurs. La seule innovation d’Happytal, si l’on peut dire, c’est que cette entreprise fait des profits sans remplir aucune fonction utile à l’hôpital.

Pendant que le personnel soignant s’épuise, car en nombre toujours insuffisant, l’AP-HP, au lieu d’embaucher, déroule le tapis rouge pour Happytal et lui ouvre ses caisses.

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