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Dans les entreprises
Amazon : mobilisation dans plusieurs pays
Lundi 15 juillet, profitant du Prime Day, 48 heures de promotions pour les abonnés d’Amazon, des milliers de salariés du géant du commerce en ligne se sont mobilisés aux États-Unis et dans plusieurs pays d’Europe.
Depuis plusieurs années, des actions des salariés du groupe ont lieu lors de ces événements commerciaux, pour attirer l’attention sur l’exploitation éhontée qui y règne et qui a permis à son grand patron, Jeff Bezos, d’accumuler une fortune qui dépasse 150 milliards de dollars.
En avril dernier, des représentants des salariés s’étaient retrouvés à Berlin pour coordonner leurs luttes. Et le 15 juillet, des salariés d’Amazon de divers continents ont ainsi pu agir ensemble pour défendre leurs intérêts. Des travailleurs de l’entrepôt de Shakopee, dans le Minnesota, ont bloqué des camions brandissant des banderoles « Nous sommes des humains, pas des robots ». Des employés d’Amazon se sont rassemblés sur plusieurs sites au Royaume-Uni, à Madrid ou encore à Lauwin-Planque dans le Nord de la France. 2 000 salariés dans sept sites sur les douze que possède le groupe en Allemagne ont fait grève contre « les rabais sur le dos des salariés ».
Malgré le sourire qui souligne son logo, malgré ses annonces récurrentes et en partie fictives d’embauches massives dans des zones ravagées par la crise, le groupe Amazon est mondialement connu pour les conditions de travail lamentables qui règnent dans ses entrepôts. Les salariés épuisés décrivent les kilomètres parcourus chaque jour, les cadences de plus en plus infernales, la surveillance permanente par des systèmes informatiques sophistiqués, les pauses supprimées qui les contraignent parfois à uriner dans des bouteilles en plastique, les menaces de licenciement à l’encontre de femmes enceintes si elles s’assoient pour reprendre leur souffle. Les salaires sont au ras des pâquerettes, la précarité généralisée et les pressions insupportables. Des salariés américains résumaient ainsi les conséquences des journées de promotion : « Les super-rabais se traduisent par deux mois d’enfer et une barre chocolatée pour remerciement. »
En Pologne, le 15 juillet, était également une journée de mobilisation, mais dans le cadre d’un conflit qui dure depuis des mois. Dans ce contexte, les dirigeants d’Amazon ont annoncé 1 000 embauches et une augmentation des salaires, qu’elle porte à 20 zlotys de l’heure, soit 4,68 euros.
Même modeste par rapport à l’ampleur du groupe, cette journée de mobilisation a eu le mérite de montrer où se trouve la seule force capable de résister à l’ogre du e-commerce mondial : que des travailleurs de divers pays commencent à se coordonner et s’encouragent mutuellement à agir par-delà les frontières pour lutter contre leur exploiteur commun.