Le tri par l’argent en bonne voie22/05/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/05/2651.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le tri par l’argent en bonne voie

Le 19 mai, à l’université Morehouse d’Atlanta, un milliardaire américain a annoncé aux 396 étudiants qui venaient d’obtenir leur diplôme qu’il allait effacer la totalité de leurs dettes contractées pour financer leurs études, pour un montant d’une quarantaine de millions de dollars, soit 10 000 dollars en moyenne par étudiant.

Comparés aux frais d’études dans une université américaine prestigieuse, qui peuvent atteindre 70 000 dollars par année, les tarifs de celle-ci, créée en 1867 pour permettre aux Afro-Américains d’accéder à l’enseignement supérieur, semblent un peu plus accessibles à une population moins fortunée. Mais ils sont cependant énormes et, si ces étudiants n’ont pas des parents suffisamment aisés pour financer leurs études, ils ne peuvent s’en acquitter qu’au prix d’un endettement courant sur des années, voire des dizaines d’années.

40 millions d’étudiants américains seraient ainsi endettés, pour un total d’environ 1,3 milliard de dollars, dont 8 millions seraient dans l’incapacité de rembourser leur prêt, ce qui fait craindre aux économistes une crise sur le modèle de celle des subprimes de 2008.

Les États-Unis restent le modèle d’un système éducatif sélectionnant ses étudiants par l’argent, mais bien d’autres pays, y compris la France, marchent dans cette voie. Déjà les grandes écoles, HEC ou autres écoles de commerce, pratiquent des tarifs avoisinant les 15 000 euros annuels. Pour l’instant, les universités françaises se limitent à des frais d’inscription allant de 170 à 600 euros selon l’examen préparé, mais qui grimpent jusqu’à 3 770 euros pour les étudiants venant d’un pays extra-communautaire, c’est-à-dire essentiellement d’Afrique.

Si les gouvernements successifs ont fait grand bruit au sujet des quelques étudiants venus de banlieue populaire ayant réussi à intégrer Sciences Po ou de grandes écoles, la majorité des enfants de travailleurs n’ont même pas les moyens d’aller au-delà du baccalauréat, ne serait-ce que parce qu’il leur faut bien se nourrir et se loger le temps de leurs études, sans être une charge pour leur famille. La sélection par l’argent commence là, mais elle est en bonne voie pour s’accentuer.

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