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- Lutte ouvrière n°2648
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Editorial
Macron, président des riches un jour, président des riches toujours !
La conférence de presse de Macron, jeudi 25 avril, n’a sans doute convaincu que ses ministres et députés. Les gilets jaunes et le gros du monde du travail n’attendaient pas grand-chose de son grand débat. Et il n’en est rien ressorti, sinon que Macron poursuivrait sa politique. Il n’est pas question d’augmenter le smic. Il promet que la retraite minimum passera à 1 000 euros, une somme qui ne permet pas de vivre dignement. Et s’il a promis d’indexer de nouveau les retraites de moins de 2 000 euros sur la hausse des prix, et encore seulement en 2020, on le doit à la mobilisation des gilets jaunes.
Il a annoncé qu’il ne fermerait plus d’écoles ni d’hôpitaux ? Mais depuis qu’il est président, une quinzaine de maternités ont fermé. À force de coupes, les urgences sont saturées, les hôpitaux craquent, et la situation dans les Ehpad est catastrophique. Et Macron a expliqué qu’il continuerait de baisser les dépenses publiques.
Il a promis une baisse de l’impôt sur le revenu ? Mais si le manque à gagner n’est pas pris dans les coffres-forts des capitalistes, il le sera dans les poches des classes populaires. Macron maintient la suppression de l’impôt sur la fortune et il s’est de nouveau engagé à réduire la taxation des bénéfices des sociétés.
Il dit ne pas reporter l’âge légal de la retraite ? En disant qu’il faudra travailler plus, il prépare une offensive sur ce terrain. Au prétexte de l’augmentation de l’espérance de vie – qui d’ailleurs ne progresse plus –, il veut allonger la durée de cotisation sous peine de décote. Autrement dit, partir à 62 ans serait toujours possible, mais avec une pension encore diminuée ! Dans la pratique, beaucoup, usés par un travail pénible ou poussés vers la sortie par leur patron, partiront avec une pension indigne.
Enfin, Macron a promis le plein emploi d’ici à 2025 ? Hollande avait déjà promis d’inverser la courbe du chômage. On sait ce qu’il en a été : il y a aujourd’hui 5,6 millions de personnes inscrites à Pôle emploi.
Les travailleurs qui perdent leur emploi en retrouvent parfois un, mais le plus souvent avec un salaire réduit et des conditions de travail dégradées. Par exemple, 576 salariés du papetier Arjowiggins ont été licenciés le 17 avril. « Où qu’on aille, expliquait l’un d’eux, on va perdre au minimum 200 euros, quand ce n’est pas plus. » Sans compter l’obligation de faire plus de route, voire de déménager. Quant aux emplois de la « nouvelle économie », ils sont le plus souvent dignes du 19e siècle. Comme ces livreurs de repas à vélo, qui ne bénéficient d’aucune garantie de salaire, ni d’horaire, ni de couverture maladie ou accident. Ou encore ces autoentrepreneurs qui ramassent des trottinettes électriques et les rechargent, chez eux, la nuit, pour cinq euros l’unité !
En réalité, la feuille de route de Macron et, derrière lui, de la classe capitaliste qui commande, c’est de poursuivre la dégradation de la condition ouvrière.
C’est cette dégradation qui alimente l’enrichissement de la grande bourgeoisie. Si quelques privilégiés peuvent débourser, rubis sur l’ongle, un milliard d’euros pour Notre-Dame, s’ils font un chèque de 200 millions comme nous en faisons un de 20 euros, c’est qu’ils ont gagné cet argent sur le travail de leurs salariés.
Macron maintient son cap. Aux travailleurs d’affirmer le leur ! Dans quelques semaines, le 26 mai, auront lieu les élections européennes. Lutte ouvrière y présente une liste, conduite par Nathalie Arthaud et Jean-Pierre Mercier, pour défendre les intérêts des travailleurs contre ceux du grand capital. Une liste composée d’ouvriers, d’employés et de techniciens, de cheminots, de personnel des hôpitaux et de l’éducation, de femmes et d’hommes dont le travail fait fonctionner la société.
Cette liste milite pour la hausse du pouvoir d’achat, par l’augmentation des salaires, des pensions et des allocations, et leur indexation sur la hausse des prix.
Contre le chômage, elle milite pour l’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous, sans perte de salaire.
Contre le parasitisme capitaliste et pour faire la lumière sur les circuits de l’argent, elle réclame le contrôle sur les comptes des entreprises et sur les grandes fortunes privées.
Voter Lutte ouvrière, c’est affirmer ces objectifs. Cela ne suffira bien sûr pas pour changer le rapport des forces. Mais cela permettra de faire entendre le camp des travailleurs et de préparer les luttes de demain.
Éditorial des bulletins d’entreprise du 29 avril 2019