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Maroc : la répression n’arrête pas la contestation
Au Maroc, le jugement en appel des détenus du Hirak a confirmé toutes les condamnations, qui vont jusqu’à vingt ans de prison pour les principaux leaders de la révolte du Rif. Du côté des enseignants-contractuels, en grève depuis début mars, la menace de révocation est brandie contre les organisateurs du mouvement… Mais, dans les deux cas, la révolte et la détermination restent intactes malgré la répression.
D’octobre 2016 à la fin de l’année 2017, un puissant mouvement de révolte contre la « mal-vie » a soulevé toute la population pauvre d’Al-Hoceima, de Nador et des petites villes alentour dans la région du Rif, au nord-est du Maroc.
Ce mouvement de contestation, nommé al-Hirak, n’a été étouffé que par une répression féroce : violences policières et nombreuses arrestations, quadrillage par l’armée de toute la région, qui est aujourd’hui encore sous occupation militaire. Des dizaines de militants du Hirak ont été arrêtés et ont écopé en première instance de peines très lourdes, allant jusqu’à vingt ans de prison pour cinq d’entre eux, dont Nasser Zefzafi, le principal leader.
Ce sont ces peines iniques qui ont toutes été confirmées en appel vendredi 5 avril. Les détenus, qui avaient refusé d’assister à ce simulacre de procès, continuent à dénoncer la répression et leurs conditions de détention. Certains envisagent de recommencer une grève de la faim, Nasser Zefzafi s’est cousu les lèvres, dénonçant en outre le refus de l’administration pénitentiaire de lui donner son dossier médical, alors qu’il a de graves problèmes de santé. Des manifestations contre le verdict du procès en appel ont eu lieu à Al-Hoceima et Nador malgré la présence militaire.
Le mouvement de contestation continue dans l’enseignement. Des milliers d’enseignants-contractuels sont en grève depuis le début du mois de mars et multiplient les manifestations massives pour obtenir leur intégration dans la Fonction publique.
Le gouvernement a fait mine de céder à leurs revendications en modifiant leur statut : ils deviendraient « enseignants-cadres » recrutés par les académies régionales. Mais ce n’est qu’un changement de vocabulaire, et les enseignants mobilisés continuent à réclamer leur intégration à la Fonction publique, à dénoncer les bas salaires et les conditions désastreuses dans lesquelles ils exercent leur métier.
Après avoir manié la carotte, le gouvernement passe maintenant au bâton. Les salaires ont été amputés pour fait de grève et les enseignants membres de la coordination qui encadre le mouvement sont désormais menacés de révocation. Mais même en cette période de vacances scolaires, les manifestations continuent de plus belle et un nouveau sit-in de plusieurs jours est en cours à Rabat.
Lors de la dernière manifestation des enseignants à Rabat, une photo de Nasser Zefzafi était brandie dans le cortège. Un symbole de ce qui unit les mouvements du Rif, des mineurs de Jerada ou des enseignants-contractuels : la révolte contre les injustices et la mal-vie.