Ford : le grand capital à l’œuvre, l’État complice27/02/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/02/2639.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Ford : le grand capital à l’œuvre, l’État complice

Lundi 25 février, Ford a refusé la deuxième proposition de reprise de son site de Blanquefort par l’entreprise belge Punch, officialisant ainsi le licenciement des 850 ouvriers de l’usine. Ce même jour, l’État, par la voix du ministre Bruno Le Maire, rejetait l’idée d’une nationalisation même temporaire du site et annonçait avoir créé un « groupe de travail » pour sa réindustrialisation, une manière classique d’accompagner la fermeture d’une usine.

Le constructeur automobile sacrifie donc près de 900 emplois directs, 3 000 avec les emplois induits. Ford a fait plus de 7 milliards de dollars de profits en 2017. Il en veut plus et pour cela réorganise ses sites de production à l’échelle du globe.

Dans cette fermeture, l’État a une nouvelle fois montré à quoi il sert. Après le premier refus de l’offre de reprise par Punch, en décembre, Macron et Le Maire ont crié à la trahison. La comédie a continué le 25 février, après le rejet de la deuxième offre. Et il était de notoriété publique qu’elle avait encore moins de chances d’aboutir. Là, Le Maire s’est déclaré « indigné »... Pendant des semaines, le gouvernement a voulu faire croire à l’opinion publique qu’il était soucieux du sort des travailleurs. Il était surtout soucieux de son image. Mais cette posture, relayée par les politiciens locaux et par certains syndicats, a dans les faits aidé Ford, en contribuant à semer l’illusion que l’État pouvait faire quelque chose pour les travailleurs.

De même, pendant des semaines, Le Maire a affirmé qu’il n’écartait pas la possibilité d’une nationalisation temporaire de l’usine. Mardi 26 février, les ministres ont mis cartes sur table. Après Le Maire et son groupe de travail, Griveaux a déclaré qu’il ne croyait pas que la « nationalisation soit la réponse à cette situation » et que, si l’État doit s’occuper « de l’emploi aussi », c’est en aidant « à la reconversion des salariés et à la réindustrialisation du site ». Bref, comme d’habitude, l’État accompagnera les travailleurs… vers Pôle emploi.

Mardi 26 février, plus de 250 ouvriers se sont réunis en assemblée générale aux portes de l’usine. Si certains s’accrochaient encore au groupe de travail mis en place par le gouvernement pour la réindustrialisation, d’autres défendaient l’idée qu’il fallait faire modifier le PSE pour qu’il soit plus avantageux. Ford n’en a pas fini avec les travailleurs. Ceux qui ont besoin d’un emploi, qui n’auront que quelques mois de salaire en indemnisation après des années d’exploitation, comme ceux qui partent en préretraite avec 70 % du salaire brut, ont tout intérêt à se mobiliser pour défendre leur peau, que ce soit pour obtenir plus d’argent ou pour imposer la garantie d’un travail. Contre les requins comme Ford, contre le gouvernement complice, les travailleurs ne peuvent compter que sur leur lutte collective.

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