Décès aux urgences : symptôme d’un hôpital malade26/12/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/12/2630.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Décès aux urgences : symptôme d’un hôpital malade

Une femme âgée de 55 ans est décédée aux urgences de l’hôpital Lariboisière à Paris lundi 17 décembre. Un accident dramatique qui met en évidence le manque de personnel dans les services d’urgence comme dans l’ensemble des services des hôpitaux.

Cette patiente avait été amenée là vers 18 h 45 par les pompiers pour des céphalées et de la fièvre. Elle a été retrouvée décédée le lendemain à 6 h 20. À son arrivée aux urgences, elle avait été vue par une infirmière, puis été dirigée vers la salle d’attente. Appelée vers 1 heure du matin, elle n’avait pas répondu. Selon le médecin légiste, elle serait décédée vers 10 heures du soir.

Ce décès se produit alors que le manque de personnel est criant depuis des mois dans ce service d’urgence, construit pour accueillir 120 malades par jour, mais qui en accueille près de 300 désormais, sans que les effectifs suivent.

Le personnel des urgences de Lariboisière avait tiré la sonnette d’alarme l’été dernier, en organisant pendant plusieurs jours un mouvement de protestation contre le manque d’effectifs. Il avait alors distribué des tracts aux passants et aux patients, affiché pancartes et banderoles à l’entrée des urgences, qui disaient « Donnez-nous les moyens d’être humains » ou encore « À quand un soignant pour 100 patients ? ». Pour autant, aucun moyen supplémentaire : ni en médecin ni en infirmier ou aide-soignant, ne leur avait été accordé.

En plus de cet afflux croissant de patients aux urgences, on assiste à des réductions constantes de moyens dans les autres services de l’hôpital. Trouver un lit vacant dans un service afin d’accueillir un patient sortant des urgences devient de plus en plus compliqué. Dans cette situation tendue, de gros problèmes étaient prévisibles.

« Il ne faut pas forcément mettre ça sur le compte d’un manque de moyens », s’est permis de déclarer la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, interrogée après le décès de la patiente. Une enquête interne a été commandée sur les causes du décès. Mais les responsables ne sont pas parmi le personnel soignant présent ce jour-là : ce sont les ministres et dirigeants qui suppriment des postes de toutes catégories à l’hôpital, ferment des services entiers et réduisent le nombre de soignants encadrant un malade dans le seul but de dépenser le moins possible pour la santé publique.

Partager