Liebherr Aerospace – Toulouse : mouvement pour les salaires12/12/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/12/2628.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Liebherr Aerospace – Toulouse : mouvement pour les salaires

Mardi 11 décembre a eu lieu le troisième débrayage pour les salaires dans les deux unités de production de l’usine de sous-traitance aéronautique Liebherr Aerospace, à Toulouse, qui emploie 1 600 salariés.

Contrairement aux années passées, les négociations annuelles sur les salaires vont se dérouler fin décembre et début janvier, c’est-à-dire pendant la période des fêtes de fin d’année. Il est clair qu’il s’agit pour le patron de tenter de désamorcer la grogne qui se manifeste chaque année pendant ces négociations. L’an dernier, les mouvements de grève s’étaient traduits par une augmentation de la prime de fin d’année de 800 euros. Mais du coup, profitant de l’ambiance de contestation actuelle, si les négociations ont été reculées, les débrayages, eux, ont été avancés, avec un succès non négligeable.

Car si les affaires de Liebherr sont prospères, cela ne ruisselle pas vraiment sur la fiche de paie. Depuis dix ans, Liebherr Toulouse ne cesse d’augmenter son chiffre d’affaires et ses profits. L’actionnaire Liebherr (il n’y en a qu’un) avait touché en dividende pour 2015 l’équivalent de 117 000 euros par jour. Pour 2016, c’était 130 000 euros par jour. Pour 2017, ses dividendes se chiffrent à 170 700 euros par jour. Pour 2018 ils s’élèveraient à quelque 200 000 euros par jour, si l’on en croit les estimations du patron. Ramené au nombre de salariés sur le site (1 600 avec prestataires et intérimaires), cela représente 39 000 euros par travailleur en 2017 et probablement 47 500 en 2018. Cette somme permettrait de tripler le salaire de nombreux ouvriers. Dans ces bénéfices, la part des subventions n’est pas négligeable, puisqu’elles tournent chaque année autour des 10 millions d’euros.

Ces résultats sont certes liés à l’augmentation du chiffre d’affaires mais ils mesurent surtout l’augmentation du taux d’exploitation des travailleurs. Car si la production est en forte hausse, les embauches et les salaires, eux, ne suivent pas au même rythme.

Dans les ateliers, le patron rogne sur tous les temps de production et il a imposé l’année dernière, pour tous les salariés en équipe, une augmentation du temps de travail de l’équivalent de vingt jours par an. Cela ne lui suffit pas et, malgré les énormes bénéfices pour une entreprise de cette taille, la direction annonce un nouveau programme d’attaques contre tous les travailleurs, ouvriers comme ingénieurs. Elle a prévu pour les deux ans qui viennent un calendrier de négociations avec les syndicats pour discuter de « l’agilité-flexibilité et souplesse des rythmes de travail, du temps de travail effectif et de pause, des parts fixe et variable de la rémunération, de négociations salariales pluriannuelles… »

Face à ces profits créés par le travail de tous et par l’aggravation des conditions de travail, la revendication qui a fait l’unanimité est une augmentation de tous les salaires de 500 euros par mois.

Mardi 11 décembre, ils étaient encore une centaine à se réunir, avec la conviction qu’il faut profiter de la grogne générale pour obtenir leur dû.

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