Gouvernement : manière forte et dramatisation12/12/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/12/P4_Ninja_COULEUR_devant_lycee_Descartes_11_decembre_C_Serge_DIgnazio.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

Leur société

Gouvernement : manière forte et dramatisation

Les responsables gouvernementaux, le ministre de l’Intérieur Castaner en tête, l’ont dit sur tous les tons : ils respecteraient le droit de manifester, mais… ils séviraient au moindre débordement des gilets jaunes, lycéens ou autres contestataires.

Illustration - manière forte et dramatisation

Samedi 8 décembre il suffisait pourtant de peu de choses – par exemple d’être venu avec des lunettes de piscine destinées à se protéger des gaz – pour se voir dénier le droit de manifester. Ainsi ce sont 2 000 personnes qui ont été interpellées ce jour-là, soit de l’ordre de 1,5 % du nombre de manifestants recensés dans le pays par les comptages officiels !

Et, bien que Macron ait encore insisté au début de son intervention télévisée sur sa fermeté face aux casseurs, beaucoup des interpellés n’avaient rien fait d’autre que de vouloir venir à une manifestation contre la politique du gouvernement.

Parmi eux, 1 700 ont été gardés à vue, dont un bon nombre auxquels on ne reprochait rien, mais qui ont été retenus jusque dans la soirée dans le seul but de les empêcher de se joindre à la contestation dans les rues.

La politique du gouvernement provoque la colère et il ne peut plus empêcher qu’elle s’exprime ouvertement, mais il voudrait que les manifestants viennent sans aucun moyen de se défendre, alors que depuis le 17 novembre les forces de police et de gendarmerie ont déjà tiré des dizaines de milliers de grenades lacrymogènes sur la foule.

CRS et gendarmes mobiles sont équipés de toute sorte de protections – masque à gaz, boucliers, casques, véhicules blindés, etc. – ainsi que d’armes appelées non-létales, mais qui font des dégâts. C’est le cas des grenades contenant 25 grammes de TNT, dont l’explosion a déjà arraché des mains ou des pieds. Ils utilisent les bien mal nommés « lanceurs de balles de défense », couramment appelés flash-ball, pour attaquer et blesser très grièvement au visage, au thorax, aux parties génitales.

Le samedi 8 décembre les forces du gouvernement ont encore blessé plus de 150 personnes : dix fois plus qu’il n’y a eu de blessés dans leurs propres rangs, alors qu’elles étaient en nombre presque équivalent aux manifestants. C’est sans doute ce type d’exploit qui leur vaut les félicitations des gouvernants, qui ne ratent pas une occasion de vanter leur courage.

Tout cela s’inscrit dans une politique, celle qui à la veille du 8 décembre a vu se mobiliser les représentants du pouvoir pour tenter de décourager ceux qui voulaient manifester : ce serait dangereux, il y aurait des violences, des factieux de droite et de gauche à l’affût pour provoquer des heurts, et l’on en passe. Les médias ont complaisamment relayé cette campagne de menaces, avant que le 8 décembre la police les mette à exécution.

Quand il finit par s’exprimer, Macron ne manque pas de prendre l’air contrit et n’est pas avare de paroles lénifiantes. Mais sa réponse aux manifestants est d’abord faite de menaces, d’arrestations arbitraires et de brutalité policière.

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