Climat : trop sérieux pour être laissé aux capitalistes10/10/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/10/P16_COP24_capitalisme_OK.jpg.420x236_q85_box-0%2C163%2C488%2C437_crop_detail.jpg

Dans le monde

Climat : trop sérieux pour être laissé aux capitalistes

Le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) rendu public début octobre est inquiétant. Si cela continue au rythme actuel, note le rapport, sous l’effet des émissions de gaz à effet de serre, la température moyenne devrait augmenter de 1,5°C entre 2030 et 2052.

Illustration - trop sérieux pour être laissé aux capitalistes

Les conséquences en seront déjà graves pour l’humanité et son cadre de vie. Mais, si cette limite est dépassée, les bouleversements risquent d’être catastrophiques et irréversibles. Or, même si les États s’en tiennent à leurs engagements de réduction d’émissions pris dans le cadre de l’accord COP 21 de 2015, ce sera +3°C voire +5,5° à la fin du siècle.

Que faire, alors que les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont à nouveau augmenté en 2017 ? Selon les conclusions du GIEC, pour contenir l’augmentation à 1,5°C, il sera nécessaire de réduire les émissions de CO2 de 45 % d’ici 2030, par rapport à 2010. Il faudra avoir cessé en 2050 de rejeter dans l’atmosphère plus de CO2 qu’on ne peut en retirer, par exemple en plantant de gigantesques forêts destinées à l’absorber.

Même avec +1,5° de réchauffement, des dizaines de milliers d’espèces vivantes seront vouées à disparaître ainsi qu’une bonne partie des ressources alimentaires des êtres humains. Le niveau des océans aura monté, mais moins vite, sauvant des inondations 10 millions de personnes d’ici la fin du siècle. Le temps gagné serait, selon ces scientifiques, fort utile pour monter des digues, restaurer des espaces littoraux ; la perte de ressources liées à la pêche diminuerait de moitié ainsi que la chute du rendement agricole et le risque de pénurie d’eau potable pour une grande partie de la population.

Pour mener les actions nécessaires, il faudrait, toujours selon le rapport, investir chaque année 2 400 milliards de dollars, soit environ 2,5 % du produit intérieur brut mondial. Quel État, quel gouvernement au service des capitalistes, comme ils le sont tous sans exception, s’y risquera ? Quant à la pollution, quel ministre de l’Écologie, où que ce soit prendra, des mesures plus drastiques que l’interdiction – en 2020 ! – de la vente des cotons-tiges en plastique ou des pailles à soda ? Même l’interdiction de l’usage du glyphosate, pourtant reconnu « probablement cancérigène » par l’OMS, a vu les députés reculer devant la puissance des capitalistes de la chimie. Car ce sont eux, et pas seulement dans la chimie, qui décident en définitive de ce qui est produit.

Qui contrôle ces capitalistes, lorsqu’ils mettent en place à leur plus grand profit une civilisation de la voiture et du pétrole coulant à flots, des smartphones par milliards au mépris de la surutilisation des terres rares et de l’exploitation des jeunes ouvrières chinoises ? Pour une réglementation formelle sur les gaz d’échappement des véhicules, combien de fraudes des constructeurs, sans contrôle possible ? Qui supprime les petites lignes ferroviaires ou les gares, obligeant chacun à se procurer une voiture ? Au profit de qui voit-on se multiplier les camions sur tout le réseau routier, y compris dans les villes, avec la croissance du e-commerce ?

Le marché qui est à la base du système capitaliste engendre un chaos total, régulé par la seule loi du profit. Il s’intéresse tout au plus aux besoins solvables, multipliant les produits de luxe pour les riches et s’efforçant de capter une partie de l’argent des autres par n’importe quel moyen, y compris l’obsolescence programmée. Une planification en fonction des urgences de l’humanité et de ses réels besoins, à court et à long terme, serait seule en mesure d’y introduire des règles et d’éviter la course au profit… et à la catastrophe. Quant à l’attendre de capitalistes qui ont l’œil rivé sur les écrans du Dow Jones ou de l’Eurostoxx, autant demander du lait à un bouc.

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