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Leur société
Sécurité sociale en équilibre : à coups de hache
Une semaine avant qu’il ne soit présenté au conseil des ministres, le projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale en 2019 a été dévoilé le 25 septembre. Le gouvernement se vante d’une bonne gestion puisque le déficit passe de près de 5 milliards d’euros en 2017 à moins de un milliard cette année et que la Sécurité sociale devrait être excédentaire l’an prochain.
Si l’État s’arroge le droit de décider des recettes et des dépenses de la Sécu, celle-ci est financée à 80 % par des cotisations prises sur les salaires. Même si certaines sont appelées « patronales », elles sont aussi prises sur les richesses produites par les seuls salariés. Ainsi les travailleurs financent l’ensemble du système hospitalier, les pensions de retraite ou d’invalidité, les indemnisations d’arrêt-maladie, de maladies professionnelles et d’accidents du travail, les allocations familiales…
À coups de hache dans les dépenses, à force de dérembourser des médicaments, de laisser les retraites et les allocations familiales retarder sur la hausse des prix, de laisser des frais à charge des patients ou des mutuelles – ce qui revient au même car elles augmentent leurs tarifs – il est vrai que la Sécu va finir par dégager des excédents. Le gouvernement va d’ailleurs en profiter, au cours des années à venir, pour ne plus compenser auprès des caisses sociales les réductions de cotisation qu’il accorde au patronat.
C’est surtout dans les hôpitaux que les malades et le personnel hospitalier payent le prix fort des réductions de dépenses. Si à présent la ministre de la Santé déclare ne plus avoir comme objectif de fermer des hôpitaux de proximité, c’est que beaucoup ont déjà disparu en totalité ou ont vu une partie de leurs services fermer. La plupart des hôpitaux publics sont étranglés financièrement, sous prétexte de tarification à l’activité. Ils souffrent d’un manque de personnel criant, qui s’aggrave d’année en année : les soignants courent toute la journée sans avoir le temps de s’occuper des patients comme il le faudrait. Ils manquent souvent de matériel de base, pour prendre la température ou la tension par exemple.
Le gouvernement prend maintenant un air de bienfaiteur en desserrant de 400 millions d’euros en 2019 le carcan financier imposé à la Sécu. Mais ce n’est même pas un dixième de la réduction des dépenses de cette année et surtout ce geste représente moins de 0,05 % du total !