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- Lutte ouvrière n°2616
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Leur société
Lycée Paul-Éluard – Saint-Denis : enseignants mobilisés
Pendant deux jours, une quarantaine d’enseignants et de surveillants du lycée Paul-Éluard de Saint-Denis ont exercé leur droit de retrait, s’estimant en danger.
Depuis un an et demi, des bagarres de bandes pourrissent la vie du lycée Paul-Éluard. Ces bagarres de cités rivales, entre jeunes désœuvrés qui se battent au nom de l’honneur de leur quartier, montrent combien la situation se dégrade dans bien des villes de banlieue. Après des intrusions répétées dans l’établissement et de nombreuses bagarres aux abords, les enseignants avaient fait grève en mai dernier. La région et le rectorat avaient alors promis de renforcer la clôture de l’établissement, de mettre en place la vidéo-surveillance et d’embaucher un médiateur pour rétablir le dialogue entre les différents quartiers. Mais en septembre, après les vacances, rien de cela n’avait été fait.
Dès le jeudi de la rentrée, les bagarres ont repris et le 12 septembre trois jeunes se sont introduits dans le lycée, armés de couteaux et d’un marteau. Ils ont agressé deux élèves, blessant l’un d’eux au visage et au bras. Les enseignants ont estimé qu’ils ne pouvaient plus travailler dans ces conditions. Jeudi 13 septembre, la vice-présidente de la région ainsi que le directeur académique se sont déplacés pour rencontrer les enseignants et les surveillants, mais ils n’ont fait que renouveler les promesses de mai, indiquant que les travaux de consolidation de la clôture auraient lieu en fin d’année. Quant au médiateur, il serait recruté prochainement mais rien n’était voté. Les représentants exigeaient pour le moins des surveillants supplémentaires, mais le représentant du recteur s’est contenté de prendre note.
Du coup, la colère est montée d’un cran. Dès vendredi 14, les collègues exerçaient de nouveau leur droit de retrait, même si le rectorat leur faisait savoir qu’il ne le prendrait pas en compte. Cependant une nouvelle intrusion de jeunes avait lieu le jour même. Cette fois armés de gaz lacrymogène, ils s’en prenaient à un autre jeune et à un enseignant qui faisait cours. Les médias ayant fait état de la mobilisation et de cette nouvelle agression, le rectorat comme la région venaient rencontrer les salariés mobilisés.
Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France, est venue cette fois promettre que les travaux de réfection de la clôture commenceraient dès le lundi, qu’une procédure d’urgence était lancée et qu’elle allait accélérer le recrutement du médiateur. Elle promettait également d’étudier l’embauche d’un agent d’entretien supplémentaire. Quant au rectorat, il promettait de recruter, non pas un assistant d’éducation, mais un agent de prévention sécurité qui pourrait travailler avec le médiateur. On reste loin des quatre assistants d’éducation exigés par les enseignants et les surveillants, mais c’est tout de même un adulte de plus qui sera présent pour encadrer les élèves. Et le personnel en sort avec le sentiment de s’être fait un peu respecter.