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Dans le monde
Argentine : le retour de la crise
Depuis le début de l’année, l’inflation est de retour en Argentine. Elle est officiellement de plus de 25 % et le peso a perdu la moitié de sa valeur. Le 3 septembre, le président Macri a annoncé un plan drastique d’économies : une dizaine de ministères vont être supprimés et il va à nouveau sabrer dans les dépenses publiques.
Macri avait remporté l’élection en dénonçant la situation laissée par la péroniste Cristina Kirchner, sa corruption et celle de son entourage, mais aussi une forte inflation et une dévaluation du peso. Tous les Argentins en mesure de le faire échangeaient alors leurs pesos contre la monnaie américaine, plus stable.
Macri avait inauguré sa présidence en 2016 en remboursant les créances de l’Argentine, rachetées par des fonds spéculatifs, soit 4,6 milliards d’euros. Cela lui a permis d’emprunter à nouveau 142 milliards de dollars sur les marchés financiers et d’augmenter ainsi la dette argentine de 42 % ! Mais la hausse du dollar a alourdi cette dette, ramenant l’inflation et la spéculation sur le peso.
Pour attirer les capitaux étrangers, Macri a supprimé le contrôle des changes. Mais les capitaux sont volages : une fois pris leur profit, ils repartent vers d’autres spéculations sans laisser le moindre investissement utile et durable. De 2016 à 2017, la fuite des capitaux a explosé, passant de 6,4 à 15,7 milliards de dollars par an et, pour les huit mois écoulés de 2018, elle est déjà de 20 milliards. Pour contrebalancer cette fuite, la banque centrale argentine puise dans ses réserves, mais celles-ci sont limitées.
Macri est donc à son tour frappé par les mêmes maux qu’il dénonçait chez sa rivale péroniste. Mais, contrairement à elle, il a décidé de renouer cette année avec le Fonds monétaire international (FMI). Comme ce dernier n’accorde pas de prêt sans la contrepartie de plans d’austérité aggravés, Macri les multiplie au point que les centrales syndicales, au départ attentistes à son égard, ont déjà appelé à trois journées d’action. Des journées d’autant plus suivies que la situation des travailleurs ne cesse de se dégrader : salaires insuffisants, licenciements, hausses des tarifs publics multipliés par cinq ou dix, etc.
De plus, l’appel au FMI est mal vécu par la population. Il y a douze ans, le gouvernement péroniste de Nestor Kirchner avait réglé ses dettes auprès du FMI, en un seul versement, comme pour ne plus y revenir. Pour les Argentins, du moins ceux qui ne sont ni patrons, ni banquiers ou spéculateurs, le FMI est associé au krach de décembre 2001 qui avait plongé brutalement la majorité de la population dans le chômage et la pauvreté.
Même si Macri a prétendu, en annonçant son plan, qu’il ménagerait les plus démunis, les conditions d’existence des classes populaires ne peuvent qu’empirer. Les confédérations syndicales CGT et CTA appellent d’ailleurs à deux journées de mobilisation les 24 et 25 septembre.