Ryanair : une grève internationale01/08/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/08/2609.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Ryanair : une grève internationale

Les 25 et 26 juillet, à l’appel de cinq organisations syndicales de quatre pays différents, une grande partie du personnel navigant (hôtesses et stewards) de Ryanair ont fait grève en Belgique, au Portugal, en Espagne et en Italie. Selon les grévistes de Charleroi, le nombre de vols effectivement annulés est encore plus élevé que le chiffre de 600 annoncé par la direction.

La direction de Ryanair a été surprise par l’ampleur du mouvement. Les salariés, qui connaissent les méthodes expéditives de leur patron, s’étaient entendus pour ne pas répondre aux questions de l’employeur sur leur participation à la grève. En Italie, en particulier, où la direction ne croyait pas à la grève, les grévistes étaient fiers de pouvoir partager sur Instagram, dès le matin du 25, les photos de leurs piquets de grève avec les grévistes des autres pays.

En Espagne, où le gouvernement avait utilisé la loi sur le service minimum contre la grève, plus de 200 vols ont dû être annulés chaque jour.

À Charleroi, comme partout pour Ryanair, les équipes sont composées de travailleurs belges, portugais, espagnols, italiens, hongrois, roumains, brésiliens… jeunes la plupart du temps, beaucoup sous contrats irlandais très défavorables.

Depuis des années pour certains, depuis des mois pour les récents embauchés, ils partagent sur les réseaux sociaux leurs préoccupations et leur indignation sur leurs conditions de travail.

Que les pilotes aient osé publiquement exprimer leur ras-le-bol et menacé de faire grève fin 2017, puis la grève des pilotes irlandais en juillet 2018, ont provoqué une évolution parmi les autres membres du personnel navigant, qui se sont ralliés à l’idée de faire grève eux aussi. Et ils ont été fiers de pouvoir enfin dénoncer leurs conditions de travail au grand jour.

Bien que leur journée de travail implique de longs moments à nettoyer les avions et à préparer le vol, seules les heures de vol, entre le décollage et l’atterrissage, sont effectivement payées.

Les jours non travaillés, les congés, les arrêts-maladie ne sont pas payés.

Malgré les nombreuses différences de contrat de travail, le salaire du personnel basé en Belgique est fréquemment inférieur à 1 000 euros mensuels. Pour se loger, hôtesses et stewarts doivent partager à plusieurs le loyer d’un appartement dans la région de Charleroi ou de Bruxelles.

Par-dessus tout, ils dénoncent le manque de respect de la direction. Celle-ci refuse systématiquement de reconnaître les accidents de travail, même lorsque le travailleur accidenté a pris la précaution d’obtenir les témoignages de passagers et du commandant de bord. Autre exemple : une travailleuse a été convoquée à Dublin après trois arrêts maladie pour se faire sermonner et menacer de licenciement par un directeur. Régulièrement, des travailleurs qui évoquent leurs droits et tentent de les faire respecter sont licenciés.

Ryanair a largement construit son activité en faisant le pari que les pays d’Europe pourraient fournir un contingent inépuisable de jeunes travailleurs prêts à accepter de telles conditions de travail.

Mais ces travailleurs sont conscients que les bénéfices très élevés de la compagnie (1,3 milliard d’euros de bénéfice net en 2017) reposent sur leur travail, et ils sont décidés à ne pas se laisser faire. Ils réclament de Ryanair le respect des lois et règlements nationaux des pays où ils sont employés.

Parmi les grévistes, certains sont conscients d’avoir commencé une lutte de longue haleine et expriment l’idée qu’il faudra imposer des droits et des statuts communs pour tous les travailleurs européens.

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