Le SAC : une police parallèle au service des gaullistes01/08/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/08/2609.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le SAC : une police parallèle au service des gaullistes

Au détour de l’affaire Benalla, l’histoire du SAC (Service d’action civique) de De Gaulle a été évoquée. Bien loin des frasques dérisoires du protégé de Macron, il n’est pas inutile de rappeler ce qu’a été cette véritable police parallèle et les raisons de sa constitution, car c’est révélateur de ce qu’est l’appareil d’État.

Après son retour au pouvoir en 1958, en pleine guerre d’Algérie, de Gaulle avait déjà une milice privée à son service, regroupant des anciens du service d’ordre du RPF (Rassemblement du peuple français), le parti gaulliste constitué dans la période de l’après-guerre et aux méthodes fascisantes à l’encontre des militants ouvriers du PCF à partir du début de la guerre froide. Mais c’est avec le règlement de la guerre d’Algérie, que de Gaulle allait mener pour le compte de la bourgeoisie française, que le SAC fut créé et joua réellement le rôle d’une police parallèle à l’intérieur de l’État.

Face à la mobilisation des masses algériennes, l’impérialisme français fut contraint de négocier l’indépendance algérienne avec les dirigeants du FLN. Et de Gaulle savait qu’il aurait à faire face à l’opposition de l’extrême droite colonialiste française, celle-là même qui venait de contribuer à le porter au pouvoir par le coup d’État du 13 mai 1958 et qui espérait, avec lui, un gouvernement pro-Algérie française. Cette extrême droite était très présente au sein de l’appareil d’État, à commencer par les sommets de l’armée française.

Devant la politique menée effectivement par de Gaulle en Algérie, cette extrême droite tenta un coup d’État, celui dit du putsch des généraux, le 21 avril 1961. Le pouvoir gaulliste put y faire face car l’essentiel de l’armée en Algérie lui resta fidèle, notamment les conscrits. Mais il se développa dans la foulée une organisation paramilitaire, l’Organisation de l’armée secrète (OAS), qui allait mener la politique dite de la terre brûlée, avec des centaines d’attentats et des milliers de victimes. Or cette organisation avait des relais et des sympathies dans tout l’appareil d’État, et c’est pour y faire face que de Gaulle avait besoin de ses propres hommes de main.

Cette police parallèle lui permit de disposer d’hommes dévoués prêts à suivre sa politique, aussi bien contre les Algériens en guerre pour leur indépendance, que contre l’extrême droite qui y était viscéralement hostile. Ses cofondateurs étaient Charles Pasqua, futur ministre, et Jacques Foccart, proche conseiller de De Gaulle. Ils recrutèrent aussi bien des militants que des malfrats, qui n’hésitèrent pas à utiliser tous les moyens, y compris les assassinats et les attentats.

Après 1968, la lutte contre la « chienlit et la subversion marxiste » servit de prétexte au ministre de l’Intérieur de l’époque, Marcellin, pour relancer les activités du SAC. Parmi leurs méfaits, en 1977, des membres du SAC et de la CFT (syndicat patronal d’obédience gaulliste) tirèrent sur les membres d’un piquet de grève d’une verrerie à Reims. Deux ouvriers furent grièvement blessés. Pierre Maître, militant de la CGT, fut tué, dix-sept balles avaient été tirées sur lui.

En juillet 1981, Jacques Massié, chef du SAC marseillais, fut assassiné avec sa famille à Auriol dans les Bouches-du-Rhône. En fait, les tueurs étaient des membres du SAC qui soupçonnaient leur chef de trahison. Cette affaire conduira Mitterrand à dissoudre le SAC en août 1982.

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