Centre hospitalier de Cayenne – Guyane : une situation scandaleuse25/07/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/07/2608.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Centre hospitalier de Cayenne – Guyane : une situation scandaleuse

À Cayenne, le centre hospitalier Andrée-Rosemon (CHAR) est en crise. Lors de l’explosion de colère qui a secoué la Guyane en 2017, sa situation avait été dénoncée et les manifestants avaient exigé de l’État qu’il lui donne les moyens de fonctionner correctement. À l’issue de deux mois de grève et manifestations, l’accord signé le 24 avril 2017 incluait l’attribution au CHAR d’un montant de 40 millions d’euros, qui se font toujours attendre.

À l’époque, les travailleurs dénonçaient la vétusté répugnante des locaux et des conditions de travail insoutenables. Un an après, rien n’a changé, au contraire, et 17 médecins urgentistes du CHAR ont sonné l’alarme en donnant leur démission. Rien qu’aux Urgences, il faudrait au moins 15 médecins de plus. Cela pour que l’on cesse de mettre en danger la santé et parfois la vie des patients, qui doivent attendre plus de 10 heures sur des brancards avant d’être pris en charge, voire, comme quatre personnes le 7 juin, attendre 24 heures !

La Guyane est un département d’outre-mer isolé, peu peuplé avec environ 260 000 habitants, mais vaste : 83 500 km², dont la grande majorité dans la forêt amazonienne. Cette situation devrait imposer que lui soient attribués des moyens spécifiques suffisants, notamment en matière de santé. Ce n’est pas le cas.

Ainsi, les évacuations sanitaires se font en hélicoptère depuis les zones inaccessibles par la route mais, le SAMU ne disposant que d’un hélicoptère, il faut établir une priorité des demandes. Faute de moyens, des patients sont régulièrement transférés sur le CHU de Martinique ou vers Paris. Dans des cas d’urgence vitale comme un infarctus, la victime devra attendre un à deux jours avant d’être prise en charge en Martinique, alors qu’une intervention dans les heures qui suivent s’imposerait. S’agissant des femmes enceintes dont la grossesse est problématique et des prématurés, le service de néonatalogie n’est pas en mesure de les accueillir : certains sont envoyés vers la Martinique, voire la Guadeloupe, où la situation est moins mauvaise mais se dégrade elle aussi à grande vitesse.

Quant aux médecins venant en Guyane, par exemple pour un remplacement, et qui envisageraient de s’y installer, ils repartent souvent assez vite, vu les difficultés rencontrées.

Les urgentistes ont manifesté devant l’Agence régionale de santé, soutenus par les médecins de ville. Du coup, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a réitéré la promesse de verser 40 millions d’euros.

La mobilisation commencée par les médecins urgentistes devra se généraliser pour que les sommes promises par la ministre soient, cette fois, bien versées. Mais ce ne sera qu’un tout petit pansement sur l’énorme manque de moyens humains et matériels dont pâtissent les populations que l’hôpital de Cayenne est censé desservir.

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