Affaire Benalla : officielle ou officieuse, la violence de l’État25/07/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/07/P4_policier_cogneur_Lupo_FINALISE.jpg.420x236_q85_box-0%2C35%2C375%2C246_crop_detail.jpg

Leur société

Affaire Benalla : officielle ou officieuse, la violence de l’État

La vidéo qui a déclenché l’affaire Benalla, du nom de ce membre du cabinet présidentiel chargé de la sécurité de Macron, le montre frappant violement deux jeunes qui participaient à un rassemblement pacifique place de la Contrescarpe à Paris, dans la soirée du 1er mai, puis ordonnant leur arrestation.

Illustration - officielle ou officieuse, la violence de l’État

La presse et l’opposition d’abord, puis le préfet de police ainsi que le ministre de l’Intérieur, pour se dédouaner et surtout pour protéger Macron, lui reprochent de s’être permis un tel comportement alors qu’il n’avait pas le droit de participer directement à l’opération, n’étant ni policier ni gendarme en activité. Mais les CRS, d’ailleurs présents pendant toute la scène filmée, se comportent quotidiennement de la même façon, et le fait qu’ils y soient autorisés par l’État ne rend pas leur violence plus légitime.

Ainsi, le même jour, sous prétexte des violences commises par les black blocs en marge de la manifestation parisienne du 1er mai, plus de 280 personnes avaient été arbitrairement arrêtées. Pour l’immense majorité d’entre elles, il n’y avait aucune preuve de leur participation à des dégradations, et elles ont été libérées sans poursuite, mais après avoir passé la nuit en garde à vue, et ont été obligées de se soumettre à un prélèvement ADN. Et plusieurs autres ont été condamnées pour des broutilles : un jeune homme à trois mois de prison ferme car il avait sur lui des massettes et des ciseaux, une femme à un mois ferme pour avoir refusé de donner son ADN, un autre jeune homme à de la prison avec sursis simplement pour s’être débattu pendant son arrestation.

La liste des récentes violences policières et arrestations arbitraires de manifestants est longue. Le 22 mai par exemple, 102 personnes, dont 40 mineurs, qui occupaient le lycée Arago à Paris pour protester contre le durcissement des conditions d’entrée à l’université, étaient placées en garde à vue pour 48 heures. À Notre-Dame-des-Landes, le déploiement de force ordonné en avril dernier par le gouvernement a provoqué de nombreuses blessures, parfois graves, parmi les défenseurs de la Zad. Et presque chaque fois que des travailleurs manifestent, refusent de se laisser licencier, font grève massivement, comme on l’a encore constaté récemment à la SNCF ou à Air France, l’État mobilise ses forces de répression. Et dans les quartiers populaires, c’est quotidiennement que les jeunes et moins jeunes subissent contrôles au faciès, brimades, humiliations, voire pire, un jeune homme ayant été tué à bout portant par un policier à Nantes début juillet. Sans parler des violences permanentes contre les migrants, encore plus vulnérables.

Alexandre Benalla, du fait de sa proximité avec le pouvoir, s’est senti le droit de se comporter comme une brute sans en avoir l’autorisation officielle. Il y a de quoi en être choqué. Mais les violences perpétrées au quotidien par des policiers et gendarmes en fonction sont exactement du même ordre, et tout aussi choquantes.

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