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Élection au Medef : que demander de plus à Macron ?
C’est finalement Geoffroy Roux de Bézieux qui a remporté l’élection à la tête du Medef mardi 3 juillet. Mais il était difficile pour les 556 grands électeurs du Medef de se déterminer sur le fond alors que, comme le soulignait le président sortant Gattaz, « 90 % de leurs idées sont communes ».
Le pedigree des deux derniers candidats en lice résume assez bien leur monde. D’un côté le vainqueur était soutenu par des membres influents du patronat français comme Kessler ou Mestrallet. Ce fils de banquier, ancien de L’Oréal, après voir amassé une confortable fortune en revendant The Phone House puis Virgin Mobil, dirige aujourd’hui le fonds d’investissements Notus Technologies tout en étant depuis cinq ans vice-président du Medef. L’autre candidat, Alexandre Saubot, était le poulain du syndicat patronal de la métallurgie, l’UIMM. Se présentant comme le modeste patron d’une entreprise familiale, il est en fait l’héritier d’Haulotte, numéro un européen de la nacelle élévatrice.
Le suspens électoral aura duré jusqu’au bout, chacun se présentant comme un militant de terrain prêt à mouiller la chemise pour obtenir la moindre voix, tout en exprimant leur piètre estime de leurs électeurs. Ainsi, l’heureux élu estimait à la veille du scrutin : « Entre les indécis et les menteurs, le résultat serra serré ».
Le nouvel élu affiche sa volonté d’accompagner le gouvernement dans ses réformes, rompant avec l’attitude de son prédécesseur. Gattaz n’avait pas seulement traité de terroristes les militants CGT manifestant contre la loi Travail, il avait aussi envoyé sur les roses ceux qui réclamaient des contreparties aux 40 milliards par an donnés par Hollande au patronat avec son pacte de responsabilité. Mais sur le fond, Roux de Bézieux est taillé dans la même veine. Comme le soulignait un de ses partisans, « il n’est pas vraiment dans le dialogue social ». Le nouvel élu se vantait ainsi il y a quelques années « d’écraser ce qu’il y a en face » et de ne « pas faire de prisonnier ». Ce n’était pas seulement l’expression d’une forme de nostalgie de sa jeunesse dans les commandos de marine à Djibouti et au Liban. Mais c’est bien l’attitude d’un patronat en guerre contre le monde du travail.
Cette campagne a aussi été l’occasion pour certains grands patrons d’étaler leurs états d’âme sur le rôle du Medef aujourd’hui. Comment faire en effet pour exister, alors que le gouvernement Macron anticipe tous leurs désirs avant même qu’ils ne les expriment ? Nul doute que les patrons continueront à trouver une oreille compatissante auprès du gouvernement pour lever leurs inquiétudes.