En Afrique aussi, les frontières tuent27/06/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/06/2604.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

En Afrique aussi, les frontières tuent

Lors d’une réunion entre seize pays européens le 24 juin à Bruxelles, le gouvernement français s’est déclaré pour la multiplication de centres d’enregistrement des migrants, appelés hotspots, sur les lieux de départ ou de transit en Afrique, donnant en exemple ce qui existe déjà au Niger, en particulier dans la ville d’Agadez, aux portes du désert qui conduit en Libye.

En mars dernier, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, avait rencontré les responsables de la mission de police de l’Union européenne « Eucap Sahel Niger » qui compte 80 Européens dans son quartier général à Niamey, la capitale, et 20 à Agadez. Sous couvert de lutte contre les trafiquants de main-d’œuvre, son rôle est de veiller à ce que le Niger fasse un tri des migrants et en bloque le plus grand nombre au moment où ils transitent par Agadez avant de traverser le désert libyen dans l’espoir de parvenir jusqu’à la Méditerranée.

En 2015, les pays de l’Union européenne ont su trouver un fonds de 1,8 milliard d’euros dont bénéficient principalement les forces armées nigériennes. L’année suivante, le gouvernement nigérien a appliqué une loi qui prévoit de lourdes peines contre les passeurs et les chauffeurs. Pour échapper aux contrôles, les migrants doivent désormais payer aux passeurs des sommes encore plus élevées et emprunter des itinéraires encore plus dangereux. Nombre d’entre eux y laissent leur vie avant même d’être confrontés à l’enfer du passage par la Libye, puis de la traversée de la Méditerranée.

À l’ouest comme à l’est du continent africain, un étau se resserre sur chacune des routes empruntées par les migrants. En Érythrée et au Soudan, des milices connues pour les atrocités qu’elles commettent sont utilisées par l’Europe pour maintenir la population dans les camps, tandis qu’en Libye les différentes bandes armées rémunérées par les pays européens vendent comme esclaves les migrants qu’ils ont bloqués. Des marchands d’armes comme Thales sont sur les rangs pour vendre aux États européens du matériel électronique destiné au contrôle aux frontières à l’intérieur de l’Afrique et aux passeports biométriques, un marché en progression de 7 % par an. Ces dépenses se font au détriment des secours destinés aux personnes réfugiées dans les camps.

Les « valeurs de la France » auxquelles se réfère Macron consistent à empêcher la libre circulation des travailleurs en Afrique, de même que leur libre installation dans un des pays les plus riches de la planète. Ils favorisent ainsi les trafics et les exactions qu’ils prétendent combattre et dont tous les migrants sont victimes sans distinction.

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