Russie : un Mondial de foot très politique13/06/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/06/2602.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Russie : un Mondial de foot très politique

La Coupe du monde de football a débuté en Russie, les matchs se répartissant entre une douzaine de villes. Depuis des mois, dans les médias et les transports en commun, sur de grands panneaux spécialement dressés pour l’occasion, il n’est question que de ça. Et pour cause : les autorités veulent que cette grand-messe sportive célèbre la puissance retrouvée de la Russie et la stature internationale de son chef, Poutine.

Pour cela, le Kremlin n’a pas lésiné sur les moyens. Il a annoncé un budget de 21 milliards d’euros, largement dépassé puisque la construction de sept des douze stades accueillant les compétitions a, à elle seule, déjà coûté 10 milliards. Il a fallu aussi construire des lignes de trains rapides pour relier les villes du Mondial. Là où c’était impossible malgré les menaces de Poutine prévenant que « tout retard dans la construction est inadmissible », il a fallu agrandir des aéroports. Il a aussi fallu construire de nouveaux hôtels pour un million de spectateurs étrangers, alors que la Russie n’héberge en temps normal que trois millions de touristes par an…

Toutes ces dépenses n’ont pas encore été chiffrées. Mais une chose est certaine : c’est à la population qu’on présentera la note, d’une façon ou d’une autre, et elle sera salée.

En attendant, dans certaines villes, la fête et ses préparatifs ont de quoi laisser un goût amer. Ainsi les habitants, dont beaucoup continuent à vivre dans des logements plus ou moins délabrés des années 1960, sinon de la fin de la guerre, constatent que sur le parcours emprunté par les joueurs et supporters, on a su trouver l’argent pour repeindre de couleurs pimpantes des immeubles… ou du moins leurs façades.

Dans une ville industrielle de 1,3 million d’habitants comme Nijni-Novgorod, au métro tout petit, il a fallu ce Mondial pour qu’on construise une nouvelle station aux abords du nouveau stade. Mais, cerise sur le gâteau de la gabegie crapuleuse, dès la fin de ce Championnat du monde, cette station qui en porte le nom sera fermée au public. La raison est de celles très répandues en Russie : sa construction a été bâclée. La télévision locale a expliqué comment ceux qui avaient décroché le contrat ont empoché l’argent des travaux sans payer leurs ouvriers. D’où trois grèves qui ont bloqué le chantier, trois changements d’entrepreneurs en un an… et une station neuve à refaire.

L’histoire ne dit pas si ces employeurs sans scrupules seront sanctionnés. C’est possible, car ils ne sont que menu fretin. Mais, sauf à vouloir faire un exemple qui serait de toute façon limité, il est bien improbable que la justice aux ordres du pouvoir s’en prenne aux maires, gouverneurs, ministres qui couvrent de tels agissements. Car nul ne doute qu’ils sont légion à en tirer profit, l’affaire évoquée n’ayant rien d’exceptionnel.

Quant à la nuée de policiers qui ont été rabattus de tous les coins de l’immense Russie vers les villes du Mondial, ils n’ont pas pour tâche de mettre hors d’état de nuire ces margoulins. Ils sont censés veiller à la sécurité des matchs face à d’éventuelles attaques terroristes et empêcher aussi que des resquilleurs accèdent aux stades. Car à 388 euros pour le billet le moins cher, quand on sait que le salaire moyen est de 500 euros, la plupart des Russes devront se contenter de suivre les matchs devant leur petit écran.

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