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Leur société
La terre doit servir à nourrir les hommes
Depuis une vingtaine d’années, on raffine de l’huile de palme ou de colza, quand ce n’est pas de soja ou de tournesol, pour fabriquer du biodiesel. De même, on distille des betteraves, de la canne à sucre ou des céréales pour produire du bioéthanol.
Ces agrocarburants sont incorporés au gazole ou à l’essence et aujourd’hui, en France, tous les carburants distribués à la pompe en contiennent une partie qui varie de 5 à 10 %.
L’invention de ces carburants dits bio ne date pas d’hier. Mais les problèmes posés par le réchauffement climatique, la diminution des réserves d’énergie fossile et surtout, à partir des années 2000, les subventions et autres incitations fiscales offertes aux industriels ont contribué à leur développement et à la mise en place des réglementations imposant leur incorporation aux carburants à la pompe.
Mais quelles en sont les conséquences pour la planète ? Selon un rapport publié le mois dernier en Belgique par des organisations environnementales, les agrocarburants issus des huiles de palme et de colza ne seraient pas meilleurs pour le climat. Pire, leur utilisation aboutirait à l’émission de plus de gaz à effet de serre que le diesel fossile.
Pour l’huile de palme, on sait les déforestations massives induites par la culture du palmier dont elle est issue, et donc la diminution du piège à carbone que les forêts tropicales constituent. On sait aussi la mise en danger des animaux qui y vivent et notamment, dans la forêt indonésienne, la menace pour les orangs-outans. Mais le colza n’est pas non plus sans danger, car sa culture exige des quantités industrielles de pesticides. Et c’est sans compter que, si on transforme le colza en diesel, l’industrie agroalimentaire cherchera d’autres sources de matières grasses à bon marché et importera pour cela… de plus en plus d’huile de palme.
Tout cela sans oublier l’absurdité qui consiste à utiliser des terres cultivables pour leur faire produire de l’essence ou du gazole. Et ce ne sont pas n’importe quelles terres, mais celles des pays les plus pauvres, là où des femmes et des hommes souffrent de malnutrition, quand ce n’est pas de faim.
Le problème n’est pas le choix entre palmier à huile et colza pour remplir les réservoirs des voitures. Il est d’organiser vraiment la production de la planète et, pour cela, de ne faire les choix qu’en fonction de l’intérêt de ses habitants ; de tous ses habitants, tant ceux d’aujourd’hui que ceux de demain. Mais il faut pour cela ôter le pouvoir d’entre les mains de ces grands groupes capitalistes qui conduisent la planète à la catastrophe.