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Dans le monde
G7 : Trump descend du sommet
Le 10 juin, au Canada, l’accord péniblement négocié la veille par les chefs des sept États les plus puissants du monde a volé en éclats avant même que son contenu ne soit connu. Depuis son avion, Trump a envoyé un message pour retirer sa signature, déclarant l’accord nul et non avenu et injuriant le Premier ministre canadien.
Macron, Merkel, May et autres représentants des différents impérialismes ont certes protesté et affirmé que l’accord tenait. Mais Trump, au nom de l’impérialisme le plus puissant, a démontré qu’il se moque de leurs objections à ses mesures protectionnistes.
Depuis le 1er juin les États-Unis taxent l’acier et l’aluminium en provenance de l’Union européenne, du Canada et du Mexique. Au même moment, le gouvernement américain, rompant l’accord passé avec l’Iran, interdit de fait les relations commerciales avec ce pays. PSA et Total, deux multinationales françaises, annoncent qu’elles vont devoir cesser leurs affaires en Iran, par crainte des rétorsions américaines.
Les commentateurs européens, les opposants à Trump aux États-Unis et les gouvernements de l’UE ont protesté contre cette montée du protectionnisme américain.
Pourtant, contrairement à ce que disent aussi bien Trump que ses contradicteurs, des milliers de mesures protectionnistes ont été prises par tous les pays, y compris la France et les États-Unis. Chaque État protège ses propres capitalistes, en élevant des barrières douanières particulières s’il le faut. Ce que tous ces gens appellent le libre échange est le résultat du rapport de forces changeant entre les différents capitalistes, soutenus plus ou moins efficacement par leurs États. À ce jeu-là, les États-Unis, première puissance industrielle, financière, commerciale et militaire, premier marché du monde, sont évidemment les plus forts. La déconfiture et l’impuissance totale des dirigeants allemands, japonais, français, britanniques devant l’impudence de Trump au G7 en est la démonstration.
Les déclarations fracassantes de Trump sont en fait plus liées à des préoccupations de politique intérieure et à la perspective des élections américaines qu’à la préparation d’une véritable guerre commerciale. La plupart des grands patrons aux États-Unis et de leurs représentants dans la presse se sont affirmés en faveur du maintien du libre-échange, mais Trump continue sa campagne populiste en prétendant défendre les travailleurs américains. Comme tous les démagogues, il affirme qu’en empêchant les marchandises étrangères d’entrer, on conservera les emplois des travailleurs du cru.
Mais, pour électorales qu’elles soient, les rodomontades de Trump ne sont pas sans conséquences. De mesure discrète en déclaration fracassante, les barrières douanières se dressent malgré tout de plus en plus, à l’instar des barrières à la circulation des personnes, au fur et à mesure que la crise s’approfondit. Cette voie est tout simplement celle que le monde a prise dans les années 1930, même si aujourd’hui il l’emprunte plus lentement. Reste à savoir si des forces suffisantes se lèveront pour l’arrêter.