À propos du film de Stéphane Brizé : En guerre contre les patrons06/06/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/06/2601.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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À propos du film de Stéphane Brizé : En guerre contre les patrons

Lutte ouvrière parle rarement de cinéma, mais l’a fait dans son numéro du 1er juin à propos du film En guerre de Stéphane Brizé, un film qui, pour une fois, parle de lutte de classe. Il suscite en tout cas des réactions différentes, et nous publions ici un autre point de vue sur ce film que dans notre numéro précédent.

Ce film retrace l’histoire d’une grève ouvrière contre un plan de fermeture d’usine. Une fiction certes, mais qui s’est sans doute inspirée des luttes récentes dans les entreprises qui ferment et licencient leurs salariés. De Continental à PSA-Aulnay, en passant par GM&S et Whirpool, les exemples ne manquent pas.

Tout d’abord est bien dénoncée dans le film la duplicité des patrons, à laquelle bien des organisations syndicales se laissent prendre en signant, sous prétexte du maintien de l’emploi, des accords qui augmentent le temps de travail et diminuent les salaires. C’est le cas dans ce film, où le point de départ de la grève avec occupation est l’annonce de la fermeture de l’entreprise au bout de deux ans, alors que le patron s’était engagé pour cinq ans. Les militants syndicaux, comme les ouvriers, se sentent floués.

Le film rend compte aussi très bien du langage patronal justifiant, au nom de la productivité, que 1 100 ouvriers soient laissés sur le carreau et niant les arguments des syndicalistes sur le montant des profits et des dividendes des actionnaires. Le film montre l’hypocrisie du gouvernement qui envoie son « conseiller social » pour faire croire qu’il s’occupe du sort des travailleurs et les abandonne dès que ceux-ci prennent le coup de colère et s’attaquent physiquement au grand patron de l’entreprise. Coup de colère qui n’est pas sans rappeler l’affaire des chemises à Air France.

Enfin le conflit entre les syndicats est bien montré qui recouvre en fait des façons de voir différentes entre les salariés. Le syndicat dit indépendant négocie en douce avec la direction une prime supra-légale tandis que le leader de la CGT, lui, ne veut pas en entendre parler et reste sur la revendication de non-fermeture de l’entreprise et du maintien de tous les emplois. Ce dernier semble finalement désavoué par une grande partie des grévistes. Aucune assemblée générale n’est organisée pour connaître par un vote l’opinion des travailleurs car, comme trop souvent dans bon nombre de grèves, ce sont les appareils syndicaux qui décident à la place des grévistes et c’est le cas dans ce film. Et c’est le contraire d’une grève qui serait menée de façon démocratique.

Ce film ne mérite ni opprobre ni enthousiasme excessif, surtout au regard de la fin dramatique du film qui montre le désespoir d’un leader, mais pas les sentiments des ouvriers qui se sont battus contre la fermeture de leur entreprise.

Alors, si nos lecteurs veulent se forger leur propre opinion, le plus simple est… d’aller voir le film !

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