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Leur société
PCF, FI et les autres : rivaux et unis... pour duper les travailleurs
Le PCF a annoncé dimanche 3 juin qu’il nommait l’un de ses jeunes dirigeants, Ian Brossat, «chef de file» pour mener «le travail de construction» d’une liste pour les élections européennes de 2019.
« Chef de file » n’est pas « tête de liste » et le choix des mots n’est pas anodin. Car il n’est pas dit du tout qu’il y ait réellement une liste du PCF aux élections européennes. En tout cas, ce n’est pas cette décision que la direction de ce parti a prise. Le PCF a au contraire déclaré « sa disponibilité pour une liste qui unisse les forces de la gauche sociale, écologique et politique ». Et son secrétaire national, Pierre Laurent, a lui-même déclaré que son parti était disponible « pour la construire avec toutes les forces sociales, toutes les personnalités de la gauche ». Quant à Ian Brossat, «il mènera le travail de construction» de cette liste avec les écologistes, la France insoumise, Génération.s de Benoît Hamon… et même le Parti socialiste, si on en croit l’interview donné par Pierre Laurent au journal Le Parisien.
La situation sociale a conduit des partis qui visent l’électorat populaire et ouvrier, du PCF au PS en passant par la France insoumise et Génération.s et d’autres, à se mettre en avant. Cherchant à s’appuyer sur le mécontentement contre Macron et la politique du gouvernement, ils ont affirmé la nécessité d’un « débouché politique » aux mobilisations, ne jurant tous que par l’unité nécessaire. Mais cette unité ne serait que celle d’appareils politiques rivaux, cimentée par l’espoir qu’elle garantisse des succès électoraux.
Les travailleurs qui ne veulent pas oublier les leçons du passé peuvent savoir d’avance où mène ce genre de politique. De l’Union de la gauche qui a porté Mitterrand au pouvoir en 1981, à la Gauche plurielle qui a fait de Jospin un Premier ministre en 1997, jusqu’à l’unité électorale qui a permis à Hollande d’être élu président en 2012, la manœuvre a toujours été la même : s’appuyer sur le mécontentement de l’électorat populaire pour susciter de faux espoirs et faire élire un politicien bourgeois ennemi des travailleurs.
À chaque fois, le PCF y a contribué. Son rôle a été essentiel en 1981, beaucoup moins important en 1997, et encore moins en 2012. Car, au fur et à mesure des duperies successives, il y a perdu des forces, se discréditant auprès de son propre électorat et de ses propres militants et même les démoralisant.
Aujourd’hui, le PCF signifie qu’il n’entend pas jouer le simple rôle de rabatteur de voix pour la France insoumise de Mélenchon qui voudrait se placer en leader naturel de l’opposition à Macron. La direction du PCF bombe donc le torse… autant qu’elle le peut. Mais, dans l’affaire, le seul enjeu est celui de ses futures alliances dans le cadre d’une opération politique à venir.
Alors que cela soit fructueux ou pas pour le PCF, que cela oblige ou non Mélenchon à en rabattre sur ses prétentions à devenir le grand chef de son nouveau « Front populaire », rien de tout cela ne peut faire avancer les intérêts des travailleurs.
Que ce soit par leur action dans les grèves et les manifestations ou à l’occasion d’une élection, ceux-ci ont à faire entendre leurs intérêts de classe. Ce n’est certes pas une énième tentative de type « union de la gauche » qui le leur permettra.