LTC – Lannion : quatre jours de grève23/05/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/05/2599.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

LTC – Lannion : quatre jours de grève

Lannion Trégor communauté regroupe 60 communes des Côtes-d’Armor et comporte un peu plus de 600 salariés. Elle est dirigée par un ancien socialiste atteint de macronite.

Au début de l’année 2018, la direction a décidé de remettre en cause le régime indemnitaire des agents, ainsi qu’un passage à 1 607 heures par an au lieu des 1 554 heures actuelles. Le tout est accompagné de mesures ayant pour conséquence, si elles étaient mises en place, de diviser le personnel.

Pendant plusieurs semaines, les discussions sont allées bon train dans les services, et petit à petit l’idée de ne pas se laisser plumer a fait son chemin. Lors d’une réunion intersyndicale le 18 avril, regroupant 90 salariés venus de tous les secteurs, l’assemblée a voté le dépôt d’un préavis de grève pour le mardi 15 mai, en se donnant rendez-vous en assemblée générale la veille.

En réponse, la direction de LTC a envoyé par courrier à chaque salarié un document, sur papier glacé, bavardant longuement sur les nécessaires harmonisation et amélioration du régime prétendument plus favorable que l’ancien, tout en se réfugiant derrière « la Chambre régionale des comptes qui nous le demande » ! Cela n’a pas du tout eu l’heur de plaire aux salariés qui, à la quasi-unanimité, ont voté en assemblée générale la grève pour le lendemain.

Celle-ci a débuté comme prévu à 6 heures mardi 15 mai aux services techniques, avec mise en place de piquets, les éboueurs et chauffeurs de bus étant entrés massivement en grève. Ils étaient 150 à 9 heures devant le siège de LTC aux cris de « Non à la prime au mérite ! » et « Les attaques aux conditions de travail, on n’en veut pas ! »

La réunion de la délégation syndicale, élargie à 25 grévistes, avec des membres de la direction n’a évidemment rien donné. Mais, lors de l’assemblée qui a suivi, de nombreux travailleurs étaient fiers d’avoir, pour la première fois, relevé la tête, et entendaient bien poursuivre le mouvement.

Le lendemain, c’est en cortège, banderole en tête, que les grévistes des services techniques se sont dirigés vers les bâtiments administratifs pour rejoindre les autres grévistes et accompagner la délégation élargie. Elle a été reçue une nouvelle fois par le vice-président et le directeur des ressources humaines, sans que rien n’en sorte.

Le président de LTC est venu jeudi matin 17 mai au piquet de grève pour dénoncer des « agitateurs professionnel » et tenter d’intimider les présents. Sans succès. Ce jour-là, les grévistes ont pu vérifier que leur mobilisation était bien vue par la population, en distribuant des tracts d’abord à quelques ronds-points, et surtout au marché de Lannion où les 200 manifestants ont recueilli soutiens et encouragements.

Les grévistes se sentaient dans leur bon droit, d’autant que, comme l’a déclaré l’une d’entre eux à la presse locale, « contrairement à ce qui nous est dit, la circulaire du 31 mars 2017 n’oblige pas les collectivités à passer à 1 607 heures. Elle laisse la possibilité à chaque collectivité de rester dans son mode actuel. » Ils ont poursuivi leur grève jusqu’au vendredi soir, et ont décidé de reprendre après avoir fait reculer la direction de LTC, en particulier sur les congés et la prime au mérite qu’elle voulait leur imposer.

Tout n’est bien sûr pas réglé, mais ces quatre jours de grève, la première depuis l’existence de LTC, ont montré que les travailleurs étaient capables de relever la tête, d’agir et de prendre des décisions collectivement. Cela comptera pour l’avenir et rien ne sera plus comme avant.

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