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- Lutte ouvrière n°2596
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Leur société
Pénicaud et les chômeurs : il fallait oser !
Vendredi 27 avril, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a présenté en Conseil des ministres un projet de loi intitulé « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel », afin d’instaurer pour les travailleurs « une flexisécurité à la française ».
Comme à chaque fois avec un gouvernement, quel qu’il soit, les mots sont à prendre à contresens. Chaque « réforme » qui prétend moderniser les conditions de travail vise au contraire à imposer des retours en arrière pour les travailleurs ; la « sécurité de l’emploi » généralise les contrats précaires ; et quant à la « liberté de choisir » son métier, elle se traduira pour les chômeurs par des contrôles plus stricts et des obligations supplémentaires.
À partir du 1er juin 2019, ces derniers seront dans l’obligation de tenir pendant dix-huit mois un journal de bord retraçant toutes les démarches effectuées chaque mois pour rechercher un emploi, même si l’on sait d’avance que ces recherches vont être vaines. Chacun sait que des régions entières sont sinistrées et que les seuls emplois proposés y sont bien souvent sous contrats très courts, parfois de quelques jours seulement quand il s’agit de faire face par exemple à une affluence exceptionnelle lors de salons ou de périodes de soldes. Et qui jugera qu’une fois rempli ce journal correspond, ou non, à ce qui en est attendu ?
La ministre prévoit des sanctions plus lourdes, pouvant aller d’un mois de radiation à la radiation définitive si les chômeurs refusent des offres dites raisonnables. Ces offres seraient dorénavant négociées individuellement entre chaque chômeur et son conseiller à Pôle emploi. Mais comment faire, quand les conseillers croulent déjà sous le nombre de chômeurs à suivre ? Alors que, pour faire un travail efficace, ils ne devaient pas en avoir plus de 50, et dans certaines zones où le chômage frappe parfois jusqu’à 25 ou 30 % de la population active, ils peuvent en avoir 200 ou plus.
Pour tenter de faire avaler la pilule des sanctions, Pénicaud entrouvre une fenêtre : un salarié pourrait démissionner sans perdre son allocation chômage, mais à condition qu’il le fasse pour mener un nouveau projet professionnel, et seulement une fois tous les cinq ans. La manœuvre est un peu trop grossière pour duper les travailleurs.