Tchad : les travailleurs en grève07/02/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/02/2584.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Tchad : les travailleurs en grève

Au Tchad, les employés du secteur privé ont rejoint lundi 5 février ceux du secteur public qui sont en grève depuis la fin du mois de janvier. Ensemble, ils protestent contre les réductions de salaire, l’augmentation du prix des carburants et les hausses d’impôts.

Les institutions financières, FMI et Banque mondiale, ont conditionné de nouvelles aides au Tchad pour 2018 à une réduction de 300 millions de francs CFA dans la masse salariale de la fonction publique. Le président tchadien Idriss Déby et son gouvernement se sont aussitôt exécutés. Ils ont annoncé des abattements de 10 à 40 % sur les salaires des fonctionnaires et une augmentation significative de l’impôt sur le revenu. Au même moment, la population tchadienne a débuté l’année avec une augmentation surprise du prix de l’essence, qui est passé de 523 à 570 francs CFA le litre, entraînant une hausse générale des prix.

Ces mesures ont été d’autant plus durement ressenties qu’elles font suite à plusieurs années d’austérité pour la population. En octobre 2016, le gouvernement avait ainsi instauré seize mesures dites d’urgence, dont la suppression de 50 % des primes et des indemnités que perçoivent les fonctionnaires en plus de leur salaire de base. Le prétexte en était la baisse du prix du pétrole, mais chacun peut constater que pour Idriss Déby et son clan, il n’y a pas d’austérité, ni d’ailleurs pour le financement de l’armée tchadienne, fidèle soutien de l’impérialisme français.

Les fonctionnaires sont entrés en lutte fin janvier à l’appel des syndicats en constatant que, contrairement aux promesses du gouvernement, leur salaire du mois avait été largement amputé. Les établissements scolaires sont restés fermés, un service minimum a été organisé dans la santé.

Comme à son habitude le gouvernement tchadien a réagi par la répression, interdisant la marche prévue jeudi 25 janvier dans la capitale, faisant quadriller la ville par l’armée et procédant à des centaines d’interpellations. Mais aujourd’hui, c’est le secteur privé qui se met à son tour en grève, notamment les travailleurs des banques et des entreprises de télécommunication.

Dans un pays où d’un salaire dépendent de nombreuses personnes à nourrir, à soigner, à éduquer, à vêtir, les conséquences de cette nouvelle attaque s’étendent sur l’ensemble de la société. Mais tous ensemble, les travailleurs et la population pauvre ont la force de faire reculer le gouvernement.

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