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Allemagne : vers une nouvelle coalition antiouvrière
Deux tours de scrutin ont été nécessaires, dimanche 21 janvier, pour qu’une courte majorité parmi les quelque 600 délégués du Parti social-démocrate (SPD) vote en faveur de la poursuite de négociations avec la CDU d’Angela Merkel. Le SPD serait donc à nouveau en route vers une participation au gouvernement.
La base du SPD, ses jeunesses, continue de rester fermement opposée à une nouvelle grande coalition, et il n’est donc pas dit qu’elle voie effectivement le jour. Tous, partisans comme opposants à une coalition, le savent : une nouvelle participation gouvernementale signifiera encore moins de voix aux prochaines élections, moins de postes et, en réalité, le lent suicide du SPD. Mais ils ne voient pas d’alternative politique.
Alors, dans le programme gouvernemental qu’elle négocie, la direction du SPD essaie de faire passer certaines mesures pour des avancées sociales. En particulier, le SPD met en avant ses propositions pour les retraites. Mais, à y regarder de plus près, ce n’est que du vent : l’âge légal de la retraite va continuer à reculer jusqu’à 67 ans, leur montant va continuer à baisser. Le seul changement ? Un retraité pauvre, ne touchant que l’aide sociale des retraités qui tourne autour de 800 euros tout en ayant cotisé pendant au moins 35 années, toucherait à l’avenir 80 euros mensuels supplémentaires. Et encore, ce serait à condition de se soumettre à des contrôles intrusifs et tatillons, et de prouver qu’on n’a vraiment rien, ni économies ni conjoint qui toucherait une retraite légèrement supérieure.
Aux capitalistes par contre, dont les profits battent des records, ce programme gouvernemental prévoit d’offrir plusieurs milliards de subventions et de cadeaux fiscaux. Les géants de l’immobilier toucheraient des sommes astronomiques pour le fait de... construire des immeubles. Dans un pays où il y a peu de logements sociaux et où l’immobilier à tendance à flamber, ils ne s’engagent absolument pas, en contrepartie, à proposer des logements à prix abordables. Cerise sur le gâteau pour les grandes entreprises, les Siemens, Thyssen, E.ON ou Deutsche Bank, qui année après année suppriment des emplois et envoient des milliers de travailleurs pointer au chômage, le gouvernement baisse les cotisations chômage.
Enfin, en Allemagne comme ailleurs, les quelques lois protégeant les salariés doivent, selon le langage patronal, être assouplies, allégées, simplifiées, avec la généralisation de la flexibilité, l’augmentation de la précarité, le développement du travail des seniors de 70 ou 75 ans.
Pour détourner l’attention de ces mesures dictées par la classe capitaliste, CDU/ CSU et SPD débattent surtout de ce qu’ils vont entreprendre à l’encontre des migrants. Une série de lois vont leur rendre la vie encore plus difficile. Il y a d’abord la question du regroupement familial. Ainsi, les Syriens qui n’ont obtenu qu’un asile limité dans le temps ne doivent plus pouvoir faire venir leur famille. Plus précisément, mille personnes par mois seulement pourront venir dans le cadre de ce regroupement familial. Comment les parents arrivés seuls en Allemagne pour éviter à leurs enfants une traversée périlleuse pourraient-ils se résigner à les savoir bloqués, peut-être pour des années, dans des camps au Liban ou en Irak ? De telles mesures, écrites suite au succès des partis les plus réactionnaires, CSU et AfD, font partie d’une démagogie odieuse.
Cela, et les pourparlers eux-mêmes, quatre mois de bla-bla sans réussir à former de gouvernement, semble augmenter encore le dégoût des classes populaires à l’égard des dirigeants politiques.