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Rallye Dakar : les pays pauvres servent de terrain de jeu
Depuis le 6 janvier, c’est reparti pour le Rallye Dakar, lequel, malgré son nom, se déroule depuis dix ans en Amérique du Sud.
188 motos et quads, 103 voitures et 44 camions, conduits par 335 pilotes, pourront faire rugir leurs moteurs, écrasant à plus de 150 km/heure les milieux naturels de l’Altiplano péruvien, bolivien, puis argentin, sous la protection de 20 000 policiers, gendarmes et militaires.
Depuis le début de la course en 1978, près de 60 personnes sont mortes, des coureurs mais surtout des spectateurs et souvent des enfants victimes des bolides passant à côté des villages, en Afrique en particulier. Mais il y a aussi les dégâts occasionnés aux régions traversées : les Indiens Aymaras, habitants des hauts plateaux, ont déjà, il y a deux ans, menacé de bloquer la course qui risquait de saccager certains marais salants et des terres cultivées. Au Chili, les archéologues ont dans le passé protesté en vain et le Conseil des monuments nationaux de ce pays estime qu’entre 2009 et 2015 plus de 300 sites d’intérêt archéologique ont été endommagés.
Le gouvernement chilien a, lui, pendant ces années, dépensé près de 40 millions de dollars pour que la course puisse avoir lieu. Et bien sûr les écologistes dénoncent la pollution engendrée : 40 000 tonnes de CO2 libérées dans l’atmosphère, précise une association.
L’affaire est profitable pour la société Amaury Sport Organisation (ASO), détenue par la famille Amaury, classée 235e fortune de France avec un patrimoine de 350 millions d’euros, et qui organise notamment le Tour de France, le Marathon de Paris. L’ASO touche les versements des pays concernés et les inscriptions des participants : 14 800 euros pour une moto, 38 400 euros pour un camion. Les sponsors tirent profit des retransmissions télévisées, de même que fabricants de 4x4 urbains.
L’organisateur, l’ASO, est bien le vrai gagnant de l’affaire.