PSA – Poissy : injustice de classe27/12/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/12/2578.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA – Poissy : injustice de classe

Le 20 décembre, le tribunal correctionnel de Versailles a condamné neuf militants CGT de PSA Poissy à cinq mois de prison avec sursis et 11 000 euros d’amende pour avoir, en février dernier, discuté pendant 17 minutes dans le bureau d’un chef. Pour la juge et la direction de PSA, cela relève de la séquestration et de la violence psychologique en réunion.

Les neuf militants ont fait immédiatement appel de ce jugement. Il est d’autant plus scandaleux que le même tribunal correctionnel s’est montré dans une autre affaire très clément pour la direction de PSA. Bien que reconnue coupable d’homicide involontaire suite à un accident mortel d’un travailleur, en septembre 2011, celle-ci n’a été condamnée qu’à une amende de 50 000 euros et quelques dizaines de milliers d’euros de préjudice pour la famille.

Les militants ne sont pas étonnés de ce jugement, qui intervient dans un contexte d’attaques de la direction contre l’ensemble des travailleurs de l’usine.

Ainsi, à la veille des congés de fin d’année, la direction a soumis aux syndicats la proposition d’allonger le temps de présence des travailleurs à l’usine de 20 minutes par jour, gratuitement. Il s’agit en effet de temps de pause, mais elle ne cache pas sa volonté d’imposer que, sur ces 20 minutes, 10 minutes soient travaillées, à son bon vouloir.

Évidemment, cet allongement d’horaire est très impopulaire chez les ouvriers, bien que la direction affirme le contraire. Les militants CGT ont organisé une consultation sur les chaînes de production, un vrai sondage grandeur nature pour que le mécontentement, à trois jours du départ en vacances, puisse s’exprimer.

En moins de 48 heures, près de 1 400 travailleurs ont signé ce qui était devenu une pétition contre le projet de la direction. Cela n’a pas empêché celle-ci d’obtenir la signature des syndicats, sauf celle de la CGT, à la dernière minute avant la fermeture de l’usine. Malgré cela, le plus dur reste à faire pour elle : faire accepter à partir du 1er mars les nouveaux horaires. Car la signature des syndicats est une chose, l’accord des travailleurs en est une autre. Certes, il faudra plus qu’une pétition pour faire comprendre à la direction que la place de ses nouveaux horaires est à la poubelle, mais cette démonstration de mécontentement est une première étape.

Une autre attaque est en préparation contre les travailleurs de l’équipe de nuit. La direction espère imposer en avril prochain la signature de nouveaux contrats de travail à temps partiel, 28 h 30 au lieu de 35 heures. La paye serait amputée d’autant. Et, cerise sur le gâteau, la direction se garderait la possibilité de faire travailler 35 heures. Ces heures supplémentaires au-delà de 28 h 30 ne seraient pas payées à la fin du mois, mais stockées dans un compteur qui serait débloqué au bout d’un an si le salarié n’a pas chômé entre-temps.

La direction ne se refuse rien. Augmentation du temps de travail, baisse des salaires : on comprend bien pourquoi elle s’attaque aussi durement aux militants ouvriers qui ne baissent pas la tête. Elle sait qu’en continuant à dénoncer ces attaques inacceptables et en appelant les salariés à se mobiliser, ils peuvent gêner sa volonté d’accumuler des milliards de profits en paix, sur le dos des travailleurs. Elle redoute par-dessus tout leur réaction collective et voudrait démoraliser ces militants. Mais, en les attaquant aussi durement, la direction n’a fait que renforcer leur détermination à combattre sa politique. C’est une première défaite pour elle, qui en appelle bien d’autres.

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