Sofres – Lyon : les sondages n’avaient pas prévu la grève13/12/20172017Journal/medias/journalarticle/images/2017/12/p12_greve_sofres_C_LO_resultat.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sofres – Lyon : les sondages n’avaient pas prévu la grève

L’entreprise de sondage Sofres appartient au groupe Kantar, filiale d’un géant qui emploie 180 000 salariés dans 111 pays. En France, un de ses dirigeants est Sébastien Auzière, le fils aîné de Brigitte Macron.

Illustration - les sondages n’avaient pas prévu la grève

Depuis des années, les salariés qui réalisent les enquêtes sont soumis à une flexibilité à outrance qui semble avoir inspiré les ordonnances Macron. À Lyon, sur presque 200 personnes, 90 sont ainsi en CDD et les autres sont en CDI de « chargé d’enquête intermittent à garantie annuelle » (CEIGA). Ce prétendu CDI est en réalité une sorte de contrat de mission où les travailleurs ne sont payés que s’ils ont une enquête à mener. Cette flexibilité tire drastiquement les salaires vers le bas : le revenu moyen est ainsi de 14 000 euros par an.

Mardi 5 décembre, la colère des salariés Ceiga et même d’une partie des CDD a explosé. La grève s’est étendue comme une traînée de poudre : en un quart d’heure, les plateaux d’appel étaient vides, paniquant la direction locale. L’étincelle a été l’annonce de la mise en place de critères de mérite pour l’attribution d’une prime habituellement donnée à tous. Alors que les salaires sont très bas, cette prime peut parfois représenter un 13e mois. Tous les grévistes ont aussi bien compris que l’individualisation de la prime pourrait servir à la direction à monter les gens les uns contre les autres, pour augmenter la productivité.

Après quatre jours de grève, la direction a renoncé à modifier les modalités d’attribution de la prime pour cette année. Même si ce recul risque d’être temporaire, c’est une victoire matérielle et surtout morale pour les grévistes, qui ont appris à se connaître et à se battre ensemble. Toutes les décisions étaient discutées et prises lors des trois assemblées générales quotidiennes, et les locaux étaient occupés en permanence par les grévistes, qui venaient tous, sur leurs horaires de travail.

La plupart n’avaient jamais fait grève et ils ont senti la force que représente une telle réaction collective. Comme le disait l’un d’entre eux : « Cette grève, c’est ma meilleure semaine. »

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